Synopsis : Une lycéenne rend visite à sa tante malade en compagnie de six amies. Isolées dans une grande demeure perdue au milieu de nulle part, les jeunes filles assistent à d’inquiétants événements surnaturels une fois la nuit tombée.
| Réalisateur : Nobuhiko Obayashi |
| Acteurs : Kimiko Ikegami, Yoko Minamida, Miki Jinbo |
| Genre : Horreur, Comédie, Expérimental |
| Pays : Japon |
| Durée : 87 minutes |
| Date de sortie (Japon) : 1977 / Date de sortie (France) : 28 juin 2023 |
La sortie de House en France, 46 ans après sa sortie japonaise, est un véritable miracle tant le film est réputé mondialement et reste pourtant insaisissable, introuvable.
Des fragments ont traversé nos imaginaires, des vinyles de la bande-son ont tourné durant quelques années, nourrissant toujours plus une curiosité cinéphile certaine.
Cette sortie n’est d’ailleurs pas le seul événement, car elle place également au premier plan son réalisateur, particulièrement productif et inventif, et encore extrêmement méconnu dans l’hexagone, mais aussi plus généralement en occident : Nobuhiko Obayashi.
A la veille des grandes vacances, et en plein préparatifs, pour un voyage avec son père veuf, Belle apprend l’arrivée d’une nouvelle femme dans la vie de son paternel, comme précisé par papa « une seconde maman ».
Une nouvelle intolérable qui la pousse à annuler le voyage et partir avec ses copines.
Nouvelle destination accompagnée par un étrange chat, chez sa tante, propriétaire d’une immense bâtisse, où Belle compte bien découvrir des histoires sur sa mère, le tout entourée de ses meilleures amies. La nuit tombée les portes se referment, des têtes sortent des puits, des flots de sang inondent la vieille construction, le réel se déforme, le monde des yokai et des malédictions s’ouvre.

En matière de films étranges et hallucinés, House, premier long-métrage de son auteur, est en pôle position, se moquant très rapidement de son architecture, appuyant sur ses fondations grotesques jusqu’à l’absurde pour finalement s’amuser, expérimenter l’image et plonger dans une culture horrifique carnavalesque tout bonnement fascinante.
Les mots manquent pour décrire un tel spectacle, le déchirement entre cinéma bis et œuvre fantastique charnière est déroutant.
Il est inutile de vouloir saisir les informations présentes à l’écran, bienvenue dans l’image et ses variations, dans l’image et ses outrances, dans l’image et le cinéma. Car dans House il y a toute la puissance visuelle, les trouvailles et l’imaginaire qui faisait la magie de Méliès, surimpression, collages, gestes amplifiés et visions kaléidoscopiques.
Les sept jeunes femmes représentent chacune une caractéristique qui se reflète en général par leurs noms, une faculté qui fera avancer le récit ou bien sombrer l’équipée.
Ainsi il y a Belle pour la beauté, Mach pour l’estomac et donc la gourmandise ou encore Kung-Fu spécialiste en arts martiaux.
Dans cette configuration digne du club des 5, nous visitons chaque pièce de la maison, à la rencontre de nouvelles sciences occultes, à la découverte de nouveaux sorts, tous mis en scène de manières hypnotiques.
La proposition d’Obayashi ne laisse aucun temps mort et nous assomme d’une créativité qui estomaque, où l’on se demande quand est-ce que nous toucherons le sommet de cette montagne folle et hystérique.

Au cœur de ce grand huit hanté, avec notre recul de plusieurs décennie, on y remarque des motifs aujourd’hui incontournable dans le cinéma d’horreur.
Tout d’abord, il est impossible après la découverte de House de ne pas lier certaines séquences comme génitrices du cinéma de Hideo Nakata, avec Ring et Dark Waters, de l’univers de Takashi Shimizu, sa saga Ju-On, ou encore le cinéma acide et furieux de Takashi Miike.
D’ailleurs il serait assez malvenu de se limiter uniquement au cinéma japonais, tant la scène finale nous renvoie frontalement à un certain Evil Dead réalisé par Sam Raimi, tout comme à un autre ponte du genre Braindead de Peter Jackson.
House est une performance, un spectacle, un cabaret, une œuvre à la forme libre tout simplement qui marie comique, horreur et expérimental avec un savoir-faire fascinant.
Une histoire de malédiction, de maison hantée, somme toute assez ordinaire qui réussit la prouesse extraordinaire de se situer à mi-chemin d’un siècle de cinéma, célébrant la magie du septième art des débuts et offrant le croquis de plusieurs décennies de cinéma à venir.
Il ne reste plus qu’à partir à la découverte de cinéma d’Obayashi. Incroyable expérience.
PS : Spectrum Films a une petite surprise pour le curieux : https://www.spectrumfilms.fr/prochainement/134-product-3770015571808.html



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