Winnie The Pooh, Blood And Honey : Critique et Test Blu-Ray

Synopsis : Winnie et Porcinet se déchaînent après avoir été abandonnés par Jean-Christophe.

Réalisateur : Rhys Frake-Waterfield
Acteurs : Craig David Dowsett, Maria Taylor
Genre : Horreur
Pays : Royaume-Uni
Durée : 84 minutes
Date de sortie : (Combo 4K/Blu-Ray) : 19 juillet 2023

Beaucoup d’entre nous ont, très certainement, déjà surveillé la question des droits d’auteur, pour utiliser des images par ci, des voix par là, s’amuser à distordre le cinéma, faire des collages de films ou même diffuser sans pour autant avoir à en payer des droits parfois faramineux. Concernant les films muets, et d’autres perles plus « récentes » le voyage vers le domaine public a cependant débuté.

Au-delà de cette poignée d’idées afin de retravailler les images nous ayant traversé, il se trouve qu’un certain Rhys Frake-Waterfield a su percevoir un filon considérable à travers la question des œuvres libres de droits.
Il y a de cela quelques mois, années, certaines des figures qui ont bercé notre enfance se sont trouvées accessibles à tous.
L’idée a alors vrombi dans le cervelet du cinéaste, créateur d’ultra-bis, et Winnie, ainsi que Porcinet, ont signé pour un retour en trombe à la fois dans nos salles obscures comme dans nos salons, dans leur format horrifique.

Winnie The Pooh Blood And Honey est né de ce magma trouble, entre souvenirs d’enfance et slasher, nous interrogeant grandement sur la qualité de la proposition lorsque l’on repense au précédent Firenado du réalisateur, mais qui taquine bien trop notre curiosité.

L’article autour du film s’organisera en deux axes :

I) La critique de Winnie The Pooh Blood And Honey

II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray

I) La critique de Winnie The Pooh Blood And Honey

La forêt des rêves bleus et ses aventures enchanteresses, Winnie, Porcinet, Bourriquet, Tigrou, tant de visages et d’amis imaginaires que Jean-Christophe partait rencontrer au cœur des bois.
La vie était belle, calme, paisible, rythmée par les pots de miel.
Puis Jean-Christophe a grandi, il s’est éloigné de la forêt a eu des préoccupations d’adolescents puis n’est plus revenu.
Les mois se succédèrent, l’absence du garçon affecta les animaux de la forêt, obscurcissa les jours, amena la famine poussant Winnie et ses amis à exécuter Bourriquet afin de se nourrir de sa chair.
A partir de ce jour, tout humain osant pénétrer dans leurs périmètres est un humain mort, bon à être torturé et dévoré.

En partant de ce postulat, à travers une introduction en dessins animés, en dessins gribouillés, toute l’histoire du film est posée.
Ne vous attendez pas à de quelconques rebondissements narratifs, et ce, même lorsque la superstar Jean-Christophe sera de la partie.
Au-delà de la raison, au-delà de toute psychologie, ce Winnie The Pooh est une invitation à visiter les espaces imaginaires de nos enfances, délaissés durant des années, décennies, pour venir nous confronter à la lente décompositions de nos ravissements passés et découvrir un charnier de souvenirs pourrissants.
Frake-Waterfield n’a ainsi jamais travaillé pour concevoir des cathédrales du septième art, ni même se voir enterrer sous une ribambelle de prix, mais pour se faire plaisir, quitte à se faire huer, quitte à reprendre le flambeau des plus grands mécréants du bis, en jouant des codes de cinéma qui l’ont bercé, un cinéma d’exploitation boiteux mais jouissif, où le plus important reste le rythme de l’action plutôt que la rationalité du récit.

De ce fait, le cinéaste convoque de très nombreux humains, un groupe de cinq filles en vacances, Jean-Christophe et sa copine, les rednecks du coin ainsi que d’anciens captifs de la forêt des rêves bleus pour proposer un spectacle meurtrier tout aussi rythmé dans le nombre de sévices que généreux dans la quantité de personnages sacrifiés.
Le sang coule à flot, reste que les effets numériques sont d’un très mauvais goût, réalisés avec les plus piètres outils, là où les effets tangibles, offrant de réelles textures, étaient pourtant alléchants.

C’est d’ailleurs cette dimension ultra-bis très appuyée, bien que les images soient plutôt gracieusement crasseuses, que le film s’effondre dans le jeu des acteurs, dans la création de ses costumes cheap, ou encore dans l’écriture des dialogues écrits avec le petit orteil en soirée bien arrosée que le film atteint ses limites, surtout pour ceux et celles qui avaient décrétés qu’il allait s’agir d’une production avec des moyens plus conséquents.
Car effectivement ce Winnie The Pooh relève d’un étrange artisanat de cinéma, où le cinéaste se fiche de ce qui est acceptable ou non, se fiche de la cohérence du film, se fiche absolument de tout finalement.
Il poursuit sa ligne sans jamais discontinuer, pour finalement développer un spectacle déséquilibré mais qui contrairement à bon nombre de slashers s’éloigne d’histoires abscons à rebondissements inutiles, préférant ici se préoccuper de l’essence même du genre, la lame qui fend, le tueur lent mais la mort inéluctable, et prend même le pari de légèrement dévier sa trajectoire pour caresser tout autant le cinéma occulte mais également le torture porn.

En un peu moins de 90 minutes, Frake-Waterfield nous pose un décorum aussi intrigant que affligeant, rappelant fortement la licence Détour Mortel, ricoche bizarrement dans l’atmosphère d’un Zombeavers, crée des êtres hybrides, aux costumes tant risibles qu’effroyables, entre l’animal et le redneck local – quelle est d’ailleurs la partie la plus malveillante de ces êtres, l’humain ou la bête ?-, et laisse en suspens la clôture de sa proposition, annonçant déjà des suites où des champs inexplorés, graines plantées, pourrait porter les fruits autour de ses suites.
En espérant que les prolongations s’écarteronnt du champ plutôt classique du slasher et s’enfonceront dans la dimension surnaturelle qui entoure la forêt des rêves bleus, entre rites et harmonie avec la nature, le mal que nous rencontrons se doit maintenant de jaillir !

Winnie The Pooh Blood And Honey, que nous redoutions comme pire Film de l’année, se révèle être un drôle de slasher qui risque d’animer bon nombre de soirées entre amis, à parler, se fichant du récit, pour profiter de ce que l’on attend en se frottant au cinéma bis, dans le cas présent ultra-bis, du sang, des cris, des corps qui flânent, des corps qui se tordent et le caractère irréductible du mal, l’impasse des cauchemars que nous bâtissons tant à l’échelle individuelle que sociétale.
Un naufrage de cinéma mais un intrigant divertissement horrifique qui se moque d’absolument toutes les conventions, de toutes les logiques, prenant la lame et taillant la chair aveuglément.

II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray

Pour la sortie d’un tel film ultra-bis, ESC a été un compagnon exemplaire, car après une inespérée sortie en salles en France, ce Winnie décadent s’offre une sortie physique particulièrement luxueuse avec un steelbook phosphorescent, son lot de cartes, son poster et surtout l’accès au format 4K HDR.

Du côté de Kino Wombat, qui a investi dans le 4K dans les premières années de commercialisation, notre téléviseur ne prend pas en compte les contenus HDR, obligeant pour le moment a seulement découvrir le disque Blu-Ray de l’édition. Une mise à jour arrivera dans les prochains mois, intégrant les caractéristiques techniques du disque 4K.

Image :

Stupéfiant, tout simplement. A aucun moment nous n’aurions cru que la petite farce cauchemardesque Winnie et Porcinet contre le monde aurait un si beau rendu visuel.
Les couleurs, les contrastes sont extrêmement bien définis et les noirs extrêmement profonds, si profonds que l’on imagine qu’ils agissent comme cache misère de la réalité du plateau.

L’image numérique propose un côté glacé qui s’éloigne de l’habituelle volonté Grindhouse de calquer des filtres pellicules, envie judicieuse du réalisateur, qui surélève la qualité de la proposition.

Note : 9 sur 10.

Son :

Deux pistes sonores sont proposées :

5.1 Dts-HD Version Française : La version française est assez surprenante dans ses doublages, appuyant toujours plus le caractère bis de l’œuvre, qui permettra même des fous rires entre amis.
Les voix sont très claires, très en avant sur la scène sonore, venant écraser l’atmosphère générale du film.
Une dimension qui parfois met une distance entre le spectacle et le spectateur, et qui nous laisse à l’écart des horreurs, entendant avec vigueur les déclamations bas de plafond des acteurs et les bruitages.
La spatialisation, quant à elle, est de bonne facture créant des ambiances plaisantes sur la scène arrière.
Reste qu’en ayant comparé avec le 5.1 VOSTF, il semble que cette combinaison sonore soit voulue par le cinéaste en personne.

5.1 Dts-HD VOSTF : Tout comme pour la version française, il y a une forte mise en avant des voix, de très beaux accents anglais, et des bruitages, poussifs, laissant les accompagnements musicaux très en arrière.
Un effet qui semble volontaire. La spatialisation, quant à elle, est de bonne facture créant des ambiances plaisantes sur la scène arrière.

Note : 7 sur 10.

Suppléments :

ESC propose quelques suppléments pour cette édition de Winnie The Pooh Blood And Honey :

Bêtisier : Du côté de Kino Wombat, nous ne sommes pas marrants, et nous n’aimons guère les bêtisiers, et ce, de manière générale. Donc amateurs, tentez votre chance, pour nous cela fut long et dénué d’intérêts.

Making-Of : Un supplément où l’on apprend somme toute très peu de choses sur le film, et où les quelques séquences de travail sur plateau ne nous ont pas transporté.
Pour les curieux.

Scènes Coupées : Peut-être le bonus qui nous a le plus intrigué, car de nombreuses séquences restent assez intéressantes et auraient pu être inclus au film, comme cette séance ritualiste où Winnie et Porcinet mêlent miel et sang et donnant à penser qu’il y aurait la possibilité de voir des suites avec une dynamique surnaturelle et chamanique. A voir !

Commentaire audio du réalisateur : C’est la réussite de l’édition car face à Winnie The Pooh Blood And Honey une myriade de questions que nous souhaitions poser au réalisateur comme les raisons de cette aventure ou encore comment passer de l’idée à la réalisation d’un tel projet trouvent des réponses. Le film n’ayant absolument aucun intérêt dans ses dialogues, on trouve un vrai plaisir à retrouver l’univers étrange du film accompagné des anecdotes et mémoires du realisateur.

– Bande Annonce

Note : 7 sur 10.

Avis général :

Il est étonnant de reconnaître que malgré la piètre qualité du film, nous avons passé un agréable moment à suivre les pérégrinations de tous ces corps, futurs chairs à Winnie, au cœur de la Forêt Des « Rêves » Bleus.
De plus, cette édition est tout autant surprenante, mettant les petits plats dans les grands, de par son steelbook luxueux, son disque 4K HDR, et ses quelques suppléments dont un très intrigant commentaire audio.
Pour les curieux et aventuriers de l’ultra-bis et films boiteux le chemin semble déjà tout tracé.

Note : 7 sur 10.

Pour découvrir Winnie The Pooh Blood And Honey en Blu-Ray :
https://www.esc-distribution.com/horreur-epouvante/8824-winnie-the-pooh-blood-and-honey-combo-uhd-4k-bd-steelbook-edition-limitee-3701432017242.html

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