Synopsis : Une histoire parmi d’autres, à propos de l’amour, du mariage et des fruits de la passion.
Nous sommes face au plus court court-métrage du festival Un Festival C’est Trop Court. Le Figuier réalisé par Jimmy Conchou est une décharge d’énergie langagière, où les personnages, placides, d’une phrase à une autre, d’une erreur de vocabulaire à une autre, ouvrent les portes sémantiques des espaces notionnels et culturels dans lesquels nous évoluons.
Un bord de chemin, amour, mariage, deux clampins, colère, trahison, moins de trois minutes et une tournure de phrase qui mène à l’incompréhension. Du figuier au pêcher en passant par le pommier sans jamais parler de fruits mais du mal et ses images, du mal et ses fruits, le quiproquo est de mise.
Jimmy Conchou joue en bordure du cinéma, dans ses dernières latéralités, plus proche du sketch filmique que du cinématographe, et déconstruit toute une forme langagière, autopsiant les homonymes, leurs sémantiques et œuvrant de traverse jusqu’à rebondir aux alentours du péché originel, ou tout du moins du pommier, celui du premier péché dont le fruit, la pomme, condamna Adam et Ève à l’exil du jardin d’Eden.

Tout un programme, toute une analyse du fruit des ténèbres, et pourtant nous sommes bien loin des enfers, de leurs profondeurs et couloirs terrifiants. Ici, le cinéaste convie à la farce, aux zones mitoyennes d’expression où naissent les incompréhensions, les dédales de palabres, de stupéfactions et de rires. En une poignée de secondes, l’attention est portée à cet échange abracadabrantesque, nos pensées ne cessent de ricocher en nous, notre esprit est chargé de rictus et haussements de sourcils, créant une double conversation : celle hallucinée et hallucinante des deux protagonistes, puis, celle de notre voix interne, intime, qui apporte sa propre dynamique réflexive à cette discussion tout aussi simple que labyrinthique.
Jimmy Conchou en un montage très simple entre vue d’ensemble et champ/contre-champ, réussit le tour de force de nous tirer dans son univers, de nous y loger et nous marquer de cette farce du quotidien, nous marquer par cette force d’écriture où chaque mot est une ouverture vers les sentiers d’expansion du dialogue, de l’incommunicabilité, des relations humaines et ses perceptions inattendues. La proposition souffre néanmoins de son format « web content », perdant complètement la dimension cinématographique et distrayant tout juste le temps du gag, il ne reste maintenant plus qu’à son cinéaste à sortir de l’enclave et nous porter au cœur d’une grammaire cinéma à faire naître.


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