Synopsis : Les étranges survivants mutants du tremblement de terre cauchemardesque qui s’est produit à Los Angeles diffusent leurs récits à travers un réseau improvisé de téléviseurs hors d’usage.
| Réalisateur : Steve / Flying Lotus |
| Acteurs : Hannibal Buress, Tim Heidecker, Anders Holm |
| Durée : 95 minutes |
| Genre : Horreur, Expérimental |
| Pays : Etats-Unis |
| Date de sortie : 2 mars 2021 (DVD/Blu-Ray) |
Il y a quelques mois de cela, nous prenions dans nos mains, à l’aveugle, cette étrange sortie Potemkine dont nous ne savions que très peu de choses et dont la seule attache que nous puissions avoir était de connaître vaguement le travail de Flying Lotus, son réalisateur. En actionnant la lecture, nous pensions aux mots de Maxime Lachaud, sur l’éditeur et ses choix autour d’un cinéma halluciné, et à la ligne éditoriale singulière.
Et bien sachez qu’avec Kuso, le contrat est amplement rempli et que l’aventure qui s’ouvre devant vos mirettes naïves n’a aucune limite.
L’article s’articulera en deux temps :
I) La Critique de Kuso
II) Les caractéristique techniques de l’édition Blu-Ray
I) La Critique de Kuso
La faille de San Andreas est une situation sensible, un espace géographique, géologique, traversant la Californie, passant par Los Angeles et San Francisco, pouvant provoquer des tremblements de terre cataclysmique, allant jusqu’à redéfinir totalement le paysage que nous connaissons.
Alors certes, désormais le monde entier est au courant de cette épée de Damoclès grâce au monticule musculaire, le bien nommé Dwayne « The Rock » Johnson, qui a déjà été confronté à cette situation terrifiante avec un film particulièrement médiocre mais d’un divertissement certain, pour ceux qui raffoleraient d’effets spéciaux forcés, et d’un jeu d’acteurs proche de celui d’un caillou, certes bodybuildé.
C’est aujourd’hui à la figure de proue de l’électro/hip-hop, Flying Lotus, de venir s’essayer à son premier long-métrage en tant que réalisateur pour nous conter les désastres causés par ce tremblement de terre tant redouté.
Imaginez un monde où la faille serait si profonde que tout l’écosystème se trouverait modifié, dégénéré.
Fermez les yeux et projetez-vous dans un univers où les hommes sont recouverts de pustules, où les insectes ne se cachent plus, où des créatures viendraient cohabiter avec nous pour mieux nous réduire en esclaves, où tout semble avoir été badigeonné de substances radioactives, venant à faire basculer toute la société, nos modes de vie, nos échanges, nos pratiques physiques, morales, sexuelles, psychiques et organiques. Ça y est vous commencez tout juste à prendre en compte l’ampleur de la bête.
Flying Lotus en quatre récits, courts-métrages, qu’il entrelace et marie avec des interludes hallucinogènes, dessine une humanité malade, à son dernier stade, revenant continuellement à un bain entre violence et sécrétions en tout genre.
Préparez-vous, un flot de sévices, un déluge d’excréments, d’orifices ainsi qu’une sexualité poisseuse vous guette, venez découvrir le Freak show de demain, venez vous ouvrir aux souterrains Etats-Uniens, venez découvrir le monde de demain…

Le cinéaste qui a tout de même nommé son film « Kuso », soit « merde » en japonais, vient cueillir le spectateur dans un espace mental et cognitif qu’il ne pouvait présager.
Alors, bien que les premières séquences aux allures carnavalesques interrogent grandement sur le spectacle en présence, jusqu’à l’écœurement, une curiosité malsaine vient nous amadouer passant l’immonde sur un plan comique, plaçant l’insupportable comme une réflexion sur nos quotidiens et notre rapport tant à la consommation qu’à nos corps abandonnés, qu’à nos esprits mutilés.
Le regard est acide, la farce dépasse le grotesque, nous restons bouche bée, essayons de nous raccrocher à quelque chose que nous connaissons, cherchons à maîtriser ce spectacle grand-guignolesque, hors de contrôle, qui blesse et creuse dans des ténèbres que l’on nous a appris à ne pas observer.
Des lieux qui pourrait nous donner les armes pour atteindre une liberté, dite fondamentale, celle d’imaginer, de penser et de s’exprimer.
Bien que le territoire nous apparaisse comme unique et singulier, nous percevons, dans certains craquements, dans certaines lubies visuelles, la pâte de cinéastes, le codex de films qui nous ont porté depuis tant d’années, Kuso s’imposant comme une synthèse explosive.
Il y a dans la réalisation en présence un étrange mélange comme si il avait été greffé au Taxidermie de György Pálfi, l’ADN d’œuvres telles qu’Eraserhead de David Lynch, Le Festin Nu de Cronenberg et l’univers organique de Bertrand Mandico.
En utilisant ce maelstrom terrifiant et en y ajoutant sa touche pleine de LSD, Kuso déconcerte dans un premier temps mais nous apprend également sa propre grammaire poétique, concevant un territoire nouveau de cinéma où nous n’avons plus qu’une hâte : voir grandir la vision dérangée et jubilatoire de Flying Lotus, continuer à explorer ses réflexions troublantes, parfois écœurantes, mais d’une portée réflexive particulièrement stimulante.
Un nouveau classique du cinéma halluciné est né : Kuso.

II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
Image :
Travaillant différents formats, différentes textures d’images et colorimétries, le film collage de Steve alias Flying Lotus est un beau pot pourri visuel de tous les possibles et parvient avec justesse à trouver l’équilibre entre ses diverses dynamiques à travers ce transfert Blu-Ray qui porte le travail du cinéaste vers des ailleurs inimaginables.
Le spectacle et d’une singulière beauté entre grain épais, images sursaturées, animations poisseuses et images glacées.
Un travail exceptionnel. Une véritable ivresse de l’image.
Son :
Une version DTS-HD Master Audio 5.1 VOST est proposée et quelle version dingue.
Le spectre sonore est particulièrement dynamique, tout en reliefs, détails. Un vision hyperactive travaillant l’ensemble des canaux de votre installation jusqu’à donner le tournis. DINGUE.

Suppléments :
En plus de la bande-annonce, l’édition Potemkine contient un unique supplément mais qui n’est pas des moindres : un entretien avec Maxime Lachaud.
Tout d’abord, il est important de relever que chez Kino Wombat nous avons un véritable amour pour Maxime Lachaud, spécialiste des cinémas hallucinés et imaginaires freaks.
Il semble, après la découverte de Kuso, qu’un tel entretien soit bel et bien incontournable.
L’auteur revient sur le passage de Flying Lotus du monde de la musique à celui du grand écran, sa rencontre décisive avec Quentin Dupieux mais également tout le paysage cinématographique l’ayant nourri de Cronenberg à Katsuhito Ishii.
Un supplément passionnant et passionné qui pousse toujours plus à la fascination autour de Kuso et à l’espoir de voir surgir un nouveau film du cinéaste au plus vite.
Avis général :
Kuso est un film malade, hystérique, complètement ravagé qu’il est aujourd’hui nécessaire de faire découvrir à une société qui l’est tout autant. Le travail de Flying Lotus, alias Steve, n’est que miroir de nos ténèbres, reflet poreux ayant dévoré notre monde, jusqu’à modifier son ADN toute entière. Une expérience unique, jubilatoire, jouissive, choquante et fascinante.
Du côté de l’édition Blu-Ray, les transferts image et son sont exemplaires faisant de cette expérience du chaos notre réalité durant un peu plus de 90 minutes.
Enfin le supplément orchestré par Maxime Lachaud était à la fois un passage obligé et une véritable audace de la part de Potemkine qui permet de pénétrer totalement cet énigmatique et ravagé Kuso.
Pour découvrir Kuso en Blu-Ray :
– https://store.potemkine.fr/dvd/3545020067673-kuso-flying-lotus/


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