Diabolique : Critique et Test Blu-Ray

Synopsis : La femme et la maîtresse du directeur d´un collège privé s’associent pour planifier son assassinat.

Relecture, toute en variations 90s et états-uniennes, du film de Clouzot Les Diaboliques, Diabolique est le principal travail ressortant de la courte carrière au cinéma de Jeremiah S. Chechik, ce dernier s’étant actuellement tourné vers le monde des séries.
Face à cette sortie ESC, d’un film qui commençait à se fondre dans l’obscurité de nos cervelets, un souvenir jaillit, celui des vidéo-clubs, où quelques noms mirages, Sharon Stone, Isabelle Adjani, ainsi qu’un visuel attrayant, définissaient la soirée et réussissaient le pari d’occuper nos rétines.
Le souvenir de la proposition reste flou, une hallucination de bambin, à ne plus savoir si le film avait été vu ou rêvé.

L’article autour de Diabolique s’esquissera en deux temps :

I) La critique de Diabolique
II) Les caractéristiques technique de l’édition Blu-Ray

I) La critique de Diabolique

Mia est la directrice d’un immense lycée. Elle vit dans les locaux avec son mari, Guy, et la maîtresse de ce dernier, Nicole. A la suite d’humiliations tant devant l’équipe enseignante, devant les élèves et une maltraitance quotidienne, Nicole vient en aide à aide à Mia et organise un plan : faire disparaître Guy.
Le plan est mis à exécution, Guy est assassiné, sa mort accidentelle est orchestrée.
Le corps est envoyé au fond de la piscine de l’établissement, il ne devrait pas tarder à faire surface. Les légistes trouveraient dans son sang un taux d’alcool élevé, parviendraient à la conclusion d’une noyade.
Néanmoins, le corps semble s’être volatilisé et un témoin paraît vouloir pousser Mia dans l’hystérie bien que soutenue par une Mia du tout contrôle.
Les regards sur le comportement étrange de Mia s’alourdissent.
Où est Guy ? Qui est cet étrange corbeau ? Pourquoi Nicole est-elle venue au secours de Mia ?

Dans cette relecture de Les Diaboliques, Chechik prend souvent la tangente face à l’atmosphère du film de Clouzot. Il tire son inspiration autour des paysages cinématographiques par lesquels les actrices du casting sont passées, on pense surtout à Basic Instinct, mais il y a également du Possession dans le jeu d’Adjani et en background loin des territoires des têtes de casting plane le voile de Fargo.
Chechik joue en variations tout autant en usant de la temporalité que de l’espace géographique. Le temps et le lieu sont des échappatoires à l’effrayante et fascinante austérité du film français.
Ici, bien que le film soit limité, notre attention est saisie du début à la fin et la dynamique des vidéo-clubs se rappelle finalement à notre bon souvenir.
Le réalisateur parvient à se détacher du monstre de cinéma pour baliser son propre chemin, avec malice, le thriller Etats-unien prend le relais.
Les ficelles de l’intrigue sont plutôt des cordes, le développement narratif n’est pas fait dans la dentelle, et le caractère labyrinthique de l’enquête paraît bien être ici une route à sens unique. Tout est si évident mais cela reste intrigant, curieux, tant dans les choix de mise en scène que d’acteurs.

Alors en parvenant à mettre au point des mélodies entêtantes, organisant son action dans des lieux connus, invitant un trio d’actrices hypnotiques, de Sharon Stone à Kathy Bates en passant par Isabelle Adjani, Chechik ne se révèle pas grand créateur mais savant usurpateur, troublant addict au scrapbook cinéphile.
Une méthode douteuse qui parvient cependant à constamment ouvrir les portes de nos souvenirs cinéphages, à se replonger en périphérie de la proposition, Hitchocock et de lointaines productions Hammer s’esquissent. Il parvient toujours à nous garder avec une rythmique aveuglante mais attirante.

Diabolique est un plaisant pot-pourri qui s’amuse à se glisser sur tous les tableaux héritiers de Les Diaboliques, du giallo au thriller sensuel, une oeuvre clapotante qui repose entièrement sur son casting et ses clins d’oeil, manières oeuvrant afin de dissimuler les errances du cinéaste et parvenant, toujours sur le fil, à saisir notre regard, notre attention, pour une soirée agréable mais jamais mémorable.


II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray

Image :

Le master proposé pour Diabolique est assez stable et uniforme, il laisse un agréable niveau de détails mais des couleurs un peu trop fades.
Cette sensation est renforcée par un grain très dense rappelant des restaurations qui date d’il y a plus de dix ans et certaines errances en matière de minutie.
On découvre effectivement une restauration HD qui semble déjà dépassée.
Néanmoins, il semble aventureux d’imaginer trouver mieux pour les années, voir la décennie à venir, le film évoquant un intérêt moindre à travers la cinéphilie mondiale. Et ce n’est pas faute d’être un film antipathique, mais ce dernier souffre trop du comparatif avec le chef d’oeuvre de Clouzot.

Note : 6 sur 10.

Son :

Deux pistes 5.1 DTS Master HD sont proposées :

  • VOSTF : Très réussie, la piste sonore originale délivre une vraie performance en usant de toute la scène à disposition jouant autant des frontales que des surrounds, avec un gain imposant, gonflant tout autant la bande originale que les dialogues.
    Ne faisant pas dans la finesse mais dans le monolithique, vous serez à coup sûr porté de force au coeur de la proposition. Poignant.
  • VF : Alors si vous êtes friands des doublages 90s, type slasher et teen movies, vous allez vous régaler. Tout y est.
    Concernant la qualité, il est difficile d’atteindre la voix sensuelle de Sharo Stone et le mystérieux accent d’Adjani. De plus le master est si gros que les voix françaises très en avant se battent avec bande sonore également très puissante. Le rendu est pour le moins réussi mais épuisant.

Note : 7.5 sur 10.

Suppléments :

  • Une affaire de femmes / Un entretien avec Stéphane Du Mesnidot : Du Mesnildot s’aventure en connaisseur de l’oeuvre littéraire originale ainsi que du film de Clouzot autour de la réalisation de Chechik. Il mène un parcours afin de différencier les différents axes d’adaptation, les différents angles de réalisation. En une petite vingtaine de minutes, le spécialiste couvre également tout un pan de cinéma américain dont la réalisation de Chechik est héritière, ancrant l’oeuvre dans un mouvement exploitationnel cherchant à user des codes Hitchcockiens. Très intéressant.
  • Les remakes d’Henri Georges-Clouzot par Claude Gauteur : Passionné et passionnant les cheminements d’esprit autour du cinéma de Clouzot et ses dépassements. Un supplément qui invite à ré-explorer votre vidéothèque pour sortir certaines oeuvres incontournables.
  • Analyse de séquence : Le faux-meurtre : Intrigant supplément qui revient autour d’une séquence pivot du film de Chechik. Stéphane Du Mesnildot pose sa voix par-dessus les images et nous sommes portés.
  • Fim-annonce

Note : 7.5 sur 10.

Avis général

Pour apprécier pleinement ce Diabolique, il faut tout d’abord lui pardonner sa non maîtrise du modèle, le film de Clouzot, il est nécessaire d’en saisir la trame lointaine et de lui préférer un dédale d’amour pour le thriller états-uniens, sa formule pop corn de tout ce qui fait la saveur naïve du bis repetitae des années 90 avec au loin des modèles : les Coen et Veroeven.
L’édition Blu-Ray proposée nous enserre pleinement de par sa force sonore, jouant de sa bande-son et de l’accent de ses actrices avec une masse imposante et correctement spatialisée, mais souffre d’un master HD qui commence à dater.
Concernant les suppléments, nous nous attendions à bien peu et sommes pour le moins comblés par ces bonus et interventions.

Note : 6.5 sur 10.

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