Synopsis : Lorsqu’un groupe d’amis découvre comment conjurer les esprits à l’aide d’une mystérieuse main hantée, ils deviennent accros à ce nouveau frisson, et l’expérience fait le tour des réseaux sociaux. Une seule règle à respecter : ils ne doivent pas tenir la main plus de 90 secondes. Lorsque l’un d’entre eux l’enfreint, ils vont être rattrapés par les esprits, les obligeant à choisir : à qui se fier, aux morts ou aux vivants ?
| Réalisateur : Danny et Michael Philippou |
| Acteurs : Sophie Wilde · Joe Bird · Alexandra Jensen · Otis Dhanji · Miranda Otto · Zoe Terakes · Chris Alosio · Marcus Johnson |
| Genre : Horreur |
| Durée : 95 minutes |
| Pays : Australie |
| Date de sortie : 26 juillet 2023 (salles) / 23 novembre 2023 (Blu-Ray) |
Avec un budget de 4,5 Millions de dollars, pour une recette US de 45 millions de dollars, ses retours dithyrambiques presse et spectateurs, ainsi qu’un parcours en festivals étonnant, La Main, film interdit aux moins de 16 ans venu tout droit d’Australie, est assurément une des surprises de l’année.
Sa sortie française se fit remarquer mais le film s’est très vite retrouvé sur les créneaux horaires tardifs pour disparaître après un court mois de projections durant l’été.
Kino Wombat n’avait pas alors eu l’occasion de croiser le chemin de la première réalisation du duo Philippou, cinéastes jumeaux.
L’article autour de la sortie Blu-Ray de La Main se fera en deux temps :
I) La critique de La Main
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
I) La critique de La Main
Mia vient de vivre le décès brutal de sa mère. Cette dernière a disparu laissant derrière elle, une troublante brume. Pourquoi est-elle morte ? De quoi est-elle morte ?
S’éloignant progressivement de son père ne sachant plus comment accompagner sa fille dans le deuil, l’adolescente se tourne vers son amie Jade, et vit presque chez la famille de cette dernière.
L’adolescence, les premières sorties, les premières soirées, les nouvelles rencontres, les corps qui s’échauffent et la volonté d’outrepasser les limites. Tous les archétypes de cet âge charnière sont en présence.
Néanmoins, comme pour chaque génération, groupe d’amis, une épreuve est à l’honneur, un rite de passage est à réaliser.
Dans le cas présent, un étrange jeu de spiritisme : La Main.
En tenant cette dernière, faite d’un étrange matériau et recouvert d’écritures en toutes sortes, il est possible de laisser entrer un esprit en soi. Une connexion qui ne doit pas dépasser les 90 secondes. Dans le cas contraire, l’esprit étranger se loge dans le corps de l’hôte.
La frontière est franchie, le monde des morts investit celui des vivants, la traque débute entre âmes errantes et corps meurtris.
De prime abord ce premier film du duo Philippou avait tout pour nous mettre dans de mauvaises conditions que cela soit le visuel, la bande-annonce ou tout simplement son titre français, bien que le titre original « Talk To Me » et sa typographie ne rassurait pas davantage, tout avait l’acabit d’un naufrage présumé.
Un frisson longea notre échine et une énième production à la manière Blumhouse semblait poindre le bout de son nez.
Néanmoins, de légers espoirs subsistaient, tout d’abord de par la sélection berlinoise, festival qui n’a pas l’habitude de ce genre de cinéma, puis l’endossement A24.
Ce qui embarrasse le plus après avoir découvert l’expérience La Main est très certainement cet écartèlement entre une horreur convenue et une véritable ingéniosité, une véritable singularité dans la manière d’orienter la narration et ses embardées scénaristiques.
Le constat est sensiblement similaire avec celui qu’on pouvait dresser autour de Smile, une oeuvre s’embarquant dans des sentiers moults fois défrichés, et parvenant à extirper une respiration, réussissant à se démarquer de l’assommante masse horrifique mainstream, tout en n’osant jamais sauter le pas, s’engager totalement dans la démarche et revenant régulièrement vers les territoires sécurisés, ceux du profit facile.
Cependant, par-delà cette détermination en demi-teinte, une brèche s’ouvre en nous, un interstice laisse apparaître une variation, légère, discrète, prenant l’engagement de suivre un chemin de cinéma que nous n’espérions plus voir usité, mais que nous souhaitions secrètement, intimement : celui de David Robert Mitchell, celui de It Follows.
En travaillant le film de malédiction, les chaînes de possession, les jeux adolescents dangereux et les expériences occultes, le duo Philippou dessine une forme, une trace à emprunter, à user pour dépasser des carcans de plus en plus restreints.
C’est ici que se joue toute la puissance de La Main, en présentant des réalisateurs fourmillant d’idées et d’amour pour le cinéma, en paramétrant une alternative en périphérie pour réinventer progressivement mais surement les caveaux dans lesquels le cinéma de genre destiné à un large public s’est empêtré.

Alternant tout autant scènes à la puissance et inventivité inespérés, et séquences navrantes d’académisme, la proposition réussit à trouver un rythme in extremis pour ne jamais s’écraser et perdre l’attention. Dès lors qu’il agace, il rebondit et assiège le regard d’étranges fulgurances tant dans sa violence visuelle que dans son axe narratif, qui certes convenu s’amuse à glisser d’habiles indices.
Dans cet espace où les morts et les vivants chahutent, jouent, se mordent, se blessent, s’oublient, renaissent ou errent dans les limbes, une vision intéressante de l’au-delà se révèle, un éclair qui n’est encore que brouillon, une analyse que nous espérons trouver plus étoffée et travaillée à l’avenir chez les réalisateurs, car nous avons été touchés, marqués, par ce vent alternatif.
La nécessité de s’affranchir de la grammaire du pays de l’oncle Sam se doit d’être faite et leur cinéma faire renaître cette tradition de l’horreur australienne.
A retenir, le joker du film, celui que nous n’avions pas soupçonné : Sophie Wilde.
L’interprète de Mia est magnétique et réussit à transformer des séquences, parfois héritières du regard agaçant de Xavier Dolan dans ses fondus musiques/émotions, en véritables sessions d’hypnose. Incroyable.
La Main n’est pas le chef d’oeuvre vendu par un grand nombre, il n’est d’ailleurs pas véritablement un bon film, tant il s’agrippe encore à des mécanismes épuisants, mais marque le regard tout autant cinéphile qu’ingénieux d’un duo de réalisateurs qui n’a aujourd’hui plus qu’à abandonner les déjà vu pour porter ses incantations cinématographiques vers de glaçants ténèbres.
Ce premier film est une démonstration, une danse avec l’au-delà qui présage une intrigante suite de carrière au duo Philippou.
Un présage qui nécessite désormais seulement l’affirmation d’un regard, celui de la création.

II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
Image :
Le master image de La Main a tout ce que nous pouvions espérer pour la sortie d’un film 2023 en Blu-Ray.
Niveau de détails affirmé, contrastes finement travaillés, noirs profonds et stables, colorimétrie méticuleuse, et véritable sentiment de profondeur. Le travail des cinéastes, leurs visions, sont intactes. Une vraie expérience.
Irréprochable.
Son :
Deux pistes sonores dts-HD Master Audio sont proposées :
- En VOSTF 5.1 : Tout comme pour le master image, vous allez ici vivre une véritable expérience si vous êtes équipés d’un système Home Cinema.
La sensation d’enserrement, de suffocation se fait ressentir, l’étau se resserre, le piège se ressent. C’est sensationnaliste, poussif, certes, mais digne d’un grand-huit.
La pistene fait pas preuve de finesse sur la gestion des canaux mais s’impose à nous de manière totale. Une belle réussite. - En VF : Concernant la piste française, le rendu est sensiblement le même, et le doublage est plutôt réussi. Nous avons parcouru rapidement le film avec cette piste où les amoureux de VF trouveront leur bonheur.
Suppléments :
Deux suppléments assez superficiels sont présents :
- Les coulisses : Supplément assez vide, ressemblant plus à un contenu marketing qu’à un véritable apport. Nous suivons les coulisses, avons quelques remarques insipides des acteurs et autres personnes présentes sur le tournage. Inutile.
- Scènes coupées : Sympathique mais n’apporte pas véritablement de substance au film.

Avis général :
La Main est une intrigante proposition qui a encore besoin de travail pour devenir véritablement notable, mais où il est possible de distinguer un véritable geste horrifique naissant, celui des frères Philippou, dont nous espérons découvrir rapidement de nouveaux projets.
L’édition Blu-Ray d’un point de vue technique est irréprochable, restera seulement des bonus anecdotiques là où on aurait apprécié découvrir le parcours surprenant des Philippou de Youtube à nos salles de cinéma.


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