Synopsis : Un auteur de romans d’épouvante établi à Los Angeles revient dans sa ville natale. Se recueillant sur deux tombes au cimetière, il se souvient… Willowpoint Falls, 1962. Victime d’une mauvaise blague d’Halloween, Frankie Scarlatti, 9 ans, écrivain en herbe, se retrouve enfermé dans le vestiaire de sa classe après les cours. Durant la nuit lui apparaît une fillette, Melissa Montgomery, dont il revit le meurtre survenu dix ans plus tôt.
| Réalisateur :Frank LaLoggia |
| Acteurs : Lukas Haas, Len Cariou, Alex Rocco |
| Genre : Fantastique |
| Durée : 113 minutes / 118 minutes |
| Pays : USA |
| Date de sortie : 1988 (salles) / Avril 2024 (Blu-Ray) |
Le Chat Qui Fume propose avec son lot de nouveaux titres un curieux film, réputé chez nos amis américains, et pourtant complètement oublié sur notre vieux continent, il s’agit de Lady In White (Les Fantômes D’Halloween en France) réalisé par Frank LaLoggia.
A film oublié, cinéaste inconnu.
Pourtant, ce dernier a réalisé un certain Effroi qui avait dépassé à l’époque les 100000 entrées en France, et puis, lorsque vous aurez écouté les souvenirs cinéphiles de Christophe Lemaire, en supplément sur le disque Blu-Ray, vous ne pourrez vous retenir de partir en quête de ce nom méconnu : Frank LaLoggia.
Nous reviendrons dans cet article autour de l’édition Blu-Ray de Lady In White en deux temps :
I) La critique de Lady In White
II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
I) La critique de Lady In White
Frank est auteur de romans fantastiques à succès. Lors d’un de ses déplacements, il s’entretient avec un chauffeur de taxis qui l’a reconnu. Durant la course, Frank fait un détour par le cimetière. Le lieu lui fait remonter des souvenirs, ceux où pour la première fois il avait été confronté au paranormal.
Souvenirs et voyages dans le temps, le grand voyage commence plusieurs décennies plus tôt, au cœur des années 50/60, Frank était un enfant réservé, plein d’imagination et souffre-douleur de deux brutes.
Le soir d’Halloween, lorsque les masques inondaient les rues, il fut enfermé contre son gré dans un placard du collège. Piégé dans cet espace réduit, il vit face à lui une silhouette translucide se dessiner, celle d’une jeune fille de son âge.
Hypnotisé, tout comme terrifié, par un tel événement, il se fige et assiste à un macabre spectacle, celui de l’agression violente qu’a connu ce spectre le soir de sa mort.
Au même moment, un homme au visage dissimulé entre dans la pièce, à la recherche d’un petit objet.
Il aperçoit Frank, lui plonge dessus, l’étrangle. Frank survit in extremis, l’agresseur prend la fuite.
Entre recherches du criminel et rationalisation des présences fantomatiques, question amplifiée par la légende d’une dame blanche locale, les vacances ne seront pas de tout repos pour le jeune garçon.

Ce second long-métrage réalisé par Frank LaLoggia est une étonnante proposition formelle quelque part entre les productions familiales Amblin, Les Goonies et E.T. en tête, et un cinéma d’horreur onirique réservé à un public plus âgé.
Cette enquête paranormale à hauteur d’enfants, d’adolescents, propose un cheminement initiatique intrigant. Le cinéaste crée une interstice déroutante, surprenante, presque d’avant-garde, prolongeant tout autant le Stand By Me de Rob Reiner qu’annonçant le Lovely Bones de Peter Jackson. Des frissons d’extase s’emparent de nous.
Le caractère hybride de l’œuvre entre récit criminel et mondes invisibles, qui aurait pu être un terrain périlleux, se transforme ici en un obsédant exercice de style, où l’âpreté de l’un vient chevaucher la rêverie de l’autre.
La ville est entourée d’espaces naturels, d’environs sauvages, qui appellent tant les songes bienheureux que les douloureux cauchemars. LaLoggia a poussé le travail sur l’organisation du cadre, des couleurs aux décors, de la lumière aux textures, de façon savante et minutieuse afin de révéler cette étrange atmosphère qui porte le regard spectateur de la première à la dernière seconde, entre réel et contes.
Lady In White envoûte totalement et questionne tout autant le passage à l’âge adulte que le rapport au paranormal, aux mystères inexplicables. la proposition autopsie tout autant un rêve américain pourrissant que les récits qui font nos mythologies contemporaines, on pense à plusieurs reprises aux écrits de Lewis Carroll.
La maison au bord de la falaise derrière les bois tortueux, territoires maudits, obsède.

Le cinéaste est assez ambitieux et incruste certains inserts numériques qui aujourd’hui seraient à la lisière du mauvais goût, et qui, ici néanmoins, fonctionnent.
Entre saturations, couleurs perçantes et distorsions de pellicule par l’informatique, le spectacle qui s’ouvre devant nos yeux est d’une étrangeté qui laisse bouche bée.
Cette audace périlleuse écartèle les schémas conventionnels du cinéma fantastique, et touche cette grâce décriée, et dont nous sommes fans, que Boorman avait essayé de toucher avec L’Exorciste 2.
Le réalisateur ose déconstruire l’invisible, propulser le regard dans les interstices du fantastique en fracturant le tangible avec cette dynamique numérique troublante.
LaLoggia fait preuve d’une agilité remarquable dans les modulations tonales du film parvenant tout autant à faire rire qu’à effrayer.
Il convoque certains mythes, celui de la dame blanche par exemple, se les réapproprie, et conçoit sa propre dimension.
Lady In White est alors un grand huit émotionnel où les peurs fantomatiques se transforment en prolongation de douleurs oubliées, résonances sourdes qui impactent de façon indirecte l’entièreté de la communauté.
Le cinéaste cartographie la ville à travers le fourmillement des familles, des querelles, des secrets, des espoirs, tout comme des rancœurs.
Sans nous en rendre compte le regard s’enfonce et la conscience plonge. Tout ce petit monde qui s’active prend vie.
En quelques gestes, mots, regards, LaLoggia crée une profondeur adéquate pour faire naître une certaine réalité à laquelle il est possible de croire.

Quant à Lukas Haas, révélé par Witness, réalisé par Peter Weir, ce dernier se trouve être un jeune acteur polyvalent et particulièrement adroit avec l’expression de ses émotions. Une exception face à un film où la majorité des acteurs de Lady In White s’ancrent, eux, dans une certaine caricature de l’American Way Of Life, sans jamais cependant affecter l’œuvre mais lui imposant certaines limites.
Lady In White est une sacrée surprise, portée par un Lukas Haas très convaincant et capturé par un Frank LaLoggia foisonnant de créativité.
Une proposition de cinéma qui cherche continuellement à outrepasser son cadre, qui, à force de questionner et analyser les mécaniques fantastiques parvient à déjouer les ressorts caricaturaux pour devenir un cinéma difficile à classer entre horreur familiale, cinéma criminel et récit initiatique; le tout avec un travail des atmosphères enivrant prenant autant à certains maniérismes hérités de l’expressionnisme allemand que des architectures semblables aux récits de la Hammer, en surfant sur la vague Amblin et osant expérimenter par-delà le réel les dédales des effets numériques. La rétine est comblée : Coup de cœur.

II) Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
Comme à son habitude, Le Chat Qui Fume propose ici une édition luxueuse dans sa gamme digipack et designé par Frédéric Domont. Les visuels choisis rendent grâce à l’œuvre que cela soit sur la couverture ou bien sur les volets du digipack une fois déplié. Un classieux objet qui trouve à merveille sa place au sein de notre collection.
Lady In White est proposé en version longue, version cinéma et director’s cut.
Cependant, suite à une erreur la version se trouve sur le disque de la version cinéma contrairement à ce qu’indiquent les visuels des disques.
Pour les curieux, sachez que les trois moutures proposent des variations tonales réelles avec des inserts supplémentaires de quelques secondes, ainsi que des séquences creusant plus les mystères de la dame blanche.
C’est de l’ordre de quelques minutes, et pourtant, cet apport donne une atmosphère alternative à l’œuvre, plus fantastique dans son déroulé.
Image :
Le film est proposé selon le format original : Format 1.85.
1920×1080/23,976p
Le Chat Qui Fume propose un master image remarquable. Le niveau de détails est élevé, clair, et le respect de la vivacité de la pellicule permet une très agréable profondeur.
Le travail colorimétrique a également permis de façonner les atmosphères dans toutes leurs nuances et saturations afin d’offrir une vision particulièrement picturale de l’œuvre, faisant des incartades fantastiques de véritables hypnoses. C’est beau, très beau.
Son :
Le film est disponible en Français et Anglais DTS-HD MA 2.0.
Pour notre part, nous nous sommes cantonnés à la piste VOST et n’avons pas encore pris le temps de nous mesurer à la VF.
La piste 2.0 VOSTF est une belle réussite qui gagne en clarté, en dynamiques et respire de manière particulièrement ample.
Les différentes fréquences qu’il s’agisse des voix, des orchestrations ou de l’environnement sonore général ne s’étouffent à aucun moment.
La bande originale vient à nous charmer, à nous porter vers de lointains et admirables songes.
Une proposition honnête et convaincante.
A noter que la VF n’est pas présente sur le montage Version Longue.

Suppléments :
• Souvenirs de Lady In White par Christophe Lemaire (17 mn) :
Christophe Lemaire revient sur ses souvenirs cinéphiles autour de Frank LaLoggia.
Il restitue une période où le cinéma fantastique était foisonnant, où Jean Rollin pouvait enregistrer 130000 entrées au boxoffice, où chaque semaine l’horreur inondait les salles.
Le supplément gagne à être découvert, permet de saisir Frank LaLoggia, comprendre sa place dans un univers surchargé de sorties en tout genre. Une époque où il était difficile de sortir son épingle du jeu, cela même quand le film pouvait se targuer d’être extraordinaire.
• Making-of présenté par le réalisateur Frank LaLoggia (16 mn) :
Retour sur le tournage du film, images d’archives laissant pénétrer les coulisses de la réalisation.
Un supplément brut, non sous-titré et au contenu assez léger.
• Scènes coupées (36 mn) :
Quelques variations de séquences, des prolongements de récit ou encore des impasses scénaristiques sont proposées.
Sympathique pour ceux qui voudront prolonger le rêve. Les scènes coupées n’ont pas été restaurées.
• Court-métrage promotionnel (7 mn) :
Un étrange et amusant court-métrage reprenant toute la trame du film avec une ambiance alternative, des structurations narratives nouvelles. À ne pas rater, après avoir vu le film en intégralité bien évidemment.
• Film annonce

Avis général :
Le Chat Qui Fume a de nouveau concocté une belle édition qui a ses petits défauts, comprenant les trois montages du film, pour un titre ainsi qu’un cinéaste aujourd’hui complètement oubliés.
Du côté des masters son et image, rien à redire, nous avons vécu un véritable petit émerveillement.
C’est concernant les suppléments que l’édition se trouve en déséquilibre avec un making of non sous-titré et certains suppléments introuvables comme par exemple l’intervention de Damien Granger. Néanmoins l’intervention de Lemaire est succulente, tout comme le court-métrage.
Le Chat Qui Fume a le nez fin, Lady In White se révèle être une merveille de cinéma fantastique, une proposition qui avait été injustement dévorée par le temps. Ne ratez pas le voyage.
Pour découvrir Lady In White en Blu-Ray :
https://lechatquifume.myshopify.com/products/lady-in-white


Laisser un commentaire