Synopsis : Dans le cadre d’un projet de documentaire, une journaliste française rencontre à plusieurs reprises Salvador Dali, l’un des principaux représentants du surréalisme et l’un des plus célèbres peintres du vingtième siècle.

| Réalisateur : Quentin Dupieux |
| Acteurs : Anaïs Demoustier, Giles Lellouche, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï |
| Genre : Comédie |
| Pays : France |
| Durée : 72 minutes |
| Date de sortie : 7 février 2024 (salles) / 18 juin 2024 (DVD & Blu-Ray) |
| Image : Son : Suppléments : 7.5/10 |
Ces dernières années, nous pouvons même dire ces derniers mois, les films de Quentin Dupieux n’ont cessé d’alimenter les salles obscures, tout juste l’un disparaît qu’un autre arrive.
Attention, il ne s’agit en rien de rétrospectives mais bien de nouveaux films, de nouvelles attractions filmiques absurdes, labyrinthiques et profondément humaines, dans toutes leurs désillusions.
Chez Dupieux on rit tout comme on frémit. Chez Dupieux, on s’extasie comme on râle.
C’est un festival d’émotions, de perceptions mais aussi d’impasses et d’errances.
Les sorties se sont enchaînées, les histoires ont modulé et la structure narrative monstre n’a cessé d’être nourrie.
Le cinéaste avec Incroyable Mais Vrai ! touchait en cela un firmament, une forme de perfection inattendue et admirable.
Depuis, il n’a cessé de jouer de variations, avec plus ou moins de réussite, cherchant de nouvelles formes pour ses chimères.
Trois pistes se sont distinguées : le film à sketchs, les modulations théâtrales et les récits-dédales.
Trois formes que Dupieux travaille depuis ses débuts et qui apparaissent désormais comme trois oscillations distinctes, trois territoires d’expression.
En annonçant son projet autour de Dali, quelques jours après la sortie de Yannick, il y a eu tout autant d’excitation que d’angoisses profondes en nous.
Le casting s’est affiné, richement fourni de Edouard Baer à Jonathan Cohen en passant par Anaïs Demoustier, Pio Marmaï, Gilles Lellouche, et les collaborations structurelles ont su faire monter la tension avec, par exemple, Thomas Bangalter à la composition.
Travailler un personnage aussi imprévisible, absurde et prodigieux que Dali semblait être tâche toute faite pour Dupieux.
Alors, aujourd’hui, quelques mois après la sortie salles et quelques jours avant la sortie vidéo, qu’en est-il de ce Daaaaaali ! ?
La critique de Daaaaaali !
Dupieux travaille son cadre en orchestrant un récit de métacinéma à travers un dédale de mises en abîme. Les arts et la vie s’entremêlent.
Plusieurs acteurs interprètent le peintre, plusieurs visages se laissent pousser la moustache, révélant un personnage ambivalent, si ce n’est schizophrénique, terrorisé par le temps qui passe, avec la volonté d’accéder au divin, aux coulisses du réel, de son vivant.
En structurant un personnage de journaliste désireux de capturer un entretien événement avec le maître du surréalisme, campé par une très juste Anaïs Demoustier, Dupieux a l’idée fascinante de constamment renvoyer, à travers le jeu de l’interview, au miroir, et surtout aux reflets, vérité incontestable, réel tétanisant, si ce n’est mortifère.
Daaaaaali ! devient alors une partie de fuites temporelles et spatiales, revisitant les toiles célèbres, l’intimité, les mensonges, les songes, les rêves et les structures nécessaires à traverser pour finalement saisir, s’emparer et mettre au monde le surréalisme.
La proposition est d’une puissance et d’une audace certaine, dans son concept.
Cependant, ce labyrinthe entre monde tangible et passerelles vers l’invisible, lieux où l’imaginaire naît, tourne très rapidement à l’abscon, Dupieux est dépassé par le caractère vorace et égocentrique de ses acteurs, Dali disparait, la fumisterie explose. Gilles Lellouche est difficilement crédible, Pio Marmaï est insupportable.
Ce nouveau long-métrage une forme renvoie quelques années auparavant chez Dupieux avec Réalité.
Un labyrinthe sans sortie où le réalisateur tout d’abord maître en son oeuvre se laissait glisser sur les territoires du subconscient, les possibilités alternatives, les chevauchements du réel jusqu’à devenir exilé en son propre royaume.
Une dynamique Lynchéenne ressortait de cet ensemble malléable et hasardeux, phénomène se répétant chez Daaaaaali !.
Lynch est une source d’inspiration certaine qui ne parvient jamais véritablement à se structurer, à faire naître la pensée.
Dupieux s’agite, dans tous les sens, et ennuie rapidement à force de maniérismes et de fausses mécaniques inventives.
Daaaaali ! est cette hydre, pleine de bonnes idées, d’inventivité, d’audace même, qui travaille son sujet avec des structures de fond fascinantes telles que le rapport au temps, aux rêves, aux mirages et au réel mais qui ne sait comment s’emparer du tout, se fait dépasser par des acteurs nombrilistes, ne sait comment saisir le monstre, se fait dépasser par l’artiste qu’est Dali, ne donnant de lui qu’une image brouillonne, éreintante et anecdotique.

Les caractéristiques techniques de l’édition DVD
Image :
Entre nos mains se retrouve l’édition DVD du film, format vieillissant, commençant à peiner sur les écrans 4K, c’est un constat.
Chez Kino Wombat, nous sommes de moins en moins enclin à nous procurer le dit format, cependant, parfois, de bonne surprises apparaissent.
Par exemple, dernièrement le visionnage de Les Sans-Espoir réalisé par Miklos Jancso a su nous surprendre avec des textures à la lisière de la HD, pour un DVD datant d’il y a déjà dix ans.
Alors lorsque nous avons lancé Daaaaali !, en DVD, nous ne nous attendions pas à un niveau d’image étincelant, certes, néanmoins, nous ne nous attendions pas non plus à de telles difficultés entre texte de générique virant au flou, bordures du cadre tremblotantes et détails approximatifs.
Le master en présence est brouillon, instable, ne propose que peu de profondeurs et réussit à survivre de par une correcte gestion de sa colorimétrie.
L’expérience fut pénible et la proposition extrêmement limite.

Son :
Deux pistes sont présentes sur l’édition DVD de Daaaaaali ! : Dolby Audio DD 5.1 et Dolby Audio DD 2.0
- Dolby Audio DD 5.1 : La proposition est de très bonne qualité, l’ensemble est consistant, correctement balancé.
L’équilibre entre voix, effets sonores et compositions respire parfaitement et travaille avec intelligence les différents canaux.
La bande originale composée par Bangalter, elle, ressort à merveille et décuple les horizons labyrinthiques. - Dolby Audio DD 2.0 : La piste 2.0, quant à elle, est bien plus frontale, mais restitue correctement le travail sonore, n’écrase jamais les fréquences, et garde un belle lisibilité.

Suppléments :
Diaphana concocte ici une belle édition en matière de contenu :
- Entretien avec Quentin Dupieux, Jonathan Cohen, Edouard Baer, captation SensCritique (17’32”) : L’échange amical entre le réalisateur et les deux acteurs est assez agréable, aéré, chacun ayant le temps et l’occasion de s’exprimer donnant tout autant des ressentis que des pistes de lecture, le tout mêlé à l’histoire de la construction du film, du façonnement des acteurs autour du caractère schizophrénique du Dali de Dupieux.
- « Daaaaaalí à la plage » : extrait du documentaire « Filmer fait penser » réalisé par Charles Bosson (6’16”) : Un extrait du documentaire revient sur quelques scène du tournage de Daaaaaali permettant de voir Dupieux sur le tournage, sa manière de travailler, son rapport aux comédiens ainsi qu’aux techniciens; Intéressant.
- Rencontre avec Salvador Dalí : réalisé par Pierre Jourdan (archive INA, 1971, 10’38”) : Moment d’une grandiloquence certaine, qui résonne bien plus autour du film de Dupieux, qu’il ne développe l’art de Dali, ou alors son art de vivre, de s’exprimer, d’exister.
- Teaser (0’31”)
- Bande-annonce (1’20”)


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