« Ratman » réalisé par Giuliano Carnimeo : Critique et Test Blu-Ray

Fred Williams, écrivain, et Terry, la fille d’un sénateur, se rendent sur une île des Caraïbes et font connaissance dans un taxi. La jeune femme est venue identifier le corps de sa sœur, Marlis, à la morgue. Mais le cadavre s’avère être celui d’une amie de Marlis. Décidée à retrouver sa sœur, Terry compte partir dans la jungle, où Marlis devait effectuer une séance photo. Williams se propose alors de l’accompagner. Le duo est loin de se douter qu’un monstre hybride mangeur de chair humaine rôde dans les environs…

Réalisateur : Giuliano Carnimeo
Acteurs : David Warbeck, Eva Grimaldi, Janet Agren
Genre : Horreur
Durée : 82 minutes
Année : 1988 // 2024 (Blu-Ray/DVD)
Pays : Italie

Cela fait partie des titres que nous n’avions pas vu venir, dans la dernière vague de titres Le Chat Qui Fume, et qui nous a obsédé dès son annonce.
Un visuel crasse, un titre racoleur, un synopsis malade, la recette parfaite pour une soirée entre amis.

Réalisé par Giuliano Carnimeo, à qui l’on doit la saga Sartana et le croustillant giallo Les Rendez-Vous de Satan avec Edwige Fenech, Rat Man part en direction des Caraïbes avec une proposition décadente et absurde.

Ratman ! He’s alive !

Ratman c’est le croisement entre le spermatozoïde d’un rat et l’ovule d’un singe.
Ratman c’est la quintessence de la dégénérescence scientifique, le firmament d’un cinéma dégénéré.
Une créature sordide, pleine de bactéries, aux dents et aux griffes qui poussent les tissus entaillés au pourrissement, à la nécrose, au grand voyage vers le délitement organique. 

C’est dans un laboratoire clandestin, au beau milieu des Caraïbes que cette créature est née. 
Bien évidemment, l’engeance est parvenue à s’évader.
Bien évidemment, dans les parages,  des jeunes femmes peu vêtues se font attaquer et tuer sauvagement.

Soyons direct… Ratman est un nanar, un pur, un dur.
Avec une telle vision « cinématographique » il est temps d’appuyer sur ce terme  de nanar aujourd’hui trop facilement usité pour catégoriser tristement le cinéma d’exploitation et le cinéma bis.
Giuliano Carnimeo met les bouchées doubles en matière de mauvais goût et témoigne avec Ratman tout autant de sa fin de carrière que du dernier souffle d’un cinéma d’horreur italien agonisant, à la fin des années 80.

Stefano Mainetti compose la musique et lorsque l’on regarde les films de la même époque sur lesquels il a travaillé, on comprend le déclin du cinéma italien mais également aux côtés de quelles oeuvres ce Ratman se doit d’être archivé.
Ainsi à l’exception de l’excellent Bloody Bird réalisé par Michele Soavi, Mainetti travaille durant les dernières année de la décennie concernée à la fois sur Zombi 3 de Lucio Fulci, Mission Suicide de Claudio Fragasso & Bruno Mattei et La Fille Aux Bas Nylon de Joe D’Amato

La proposition s’élance dans une bouillie où tout repose sur le monstre-rat -qui nous fait penser au singe-rat de Sumatra du Braindead de Peter Jackson- incarné par une véritable personne de petite taille, Nelson De La Rosa, vu également dans L’Ile Du Docteur Moreau.
Carnimeo joue de manière acide sur le dangereux fil des freaks, et réussit à faire sortir du néant une étrange et curieuse aura. 

Ici, le récit est inexistant, le cinéaste s’en moque, le spectateur l’oublie, les personnages errent. 
Situation triste lorsque l’on sait que Dardano Sacchetti s’occupe du scénario et qu’il a livré de vraies merveilles telles que L’Au-Delà, La Maison Près Du Cimetière ou encore L’Emmurée Vivante.
Face caméra, on retrouve le douteux David Warbeck, mâle demeuré qui aime avoir le lead, que l’on a pu voir à l’œuvre chez Fulci et Margheriti, l’ultra-bis et magnétique actrice suédoise Janet Agren, vue dans La Secte Des Cannibale et Atomic Cyborg, la plantureuse Eva Grimaldi réputée pour ses rôles dénudés mais aussi les inconnues Anna Silvia Grullon et Luisa Menon, faisant acte de présence pour flatter la rétine masculine.
Tous les ingrédients du film beauf sont invoqués.
On rigole par dépit… jusqu’à y prendre un certain goût.

La patte plastique dégénérée fauchée, quant à elle, charme, et ce instantanément, qu’il s’agisse des corps qui se trémoussent comme les créations visuelles horrifiques fauchées.

Complètement gratuit dans ses outrances, Ratman reste par chance particulièrement généreux, faisant alterner des séquences d’effeuillage et des attaques sauvages.
Un vrai film d’apéro, à regarder en troisième partie de soirée, après quelques cacahuètes et de nombreux verres. 
Un film que vous rêverez de nommer dans vos discussions mondaines ou pour pimenter la vie de bureau.

La critique la plus brève de l’histoire de Kino Wombat, bref : Rat, Sex & Blood.

Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray

Ratman passe directement par la case Scanavo du côté de Le Chat Qui Fume.
Le visuel, toujours concocté par notre bien-aimé Frédéric Domont, reprend le visuel de l’affiche originale en rejouant sur les couleurs et en boostant quelques détails. C’est sale. C’est beau.
L’édition poursuit les codes visuels de l’éditeur.

Image :

1920×1080/24p // Format 1.66 d’origine – Version intégrale

Ce qui est toujours surprenant avec les films complètement arrachés du genre de Ratman, c’est que les copies HD sont bien souvent supérieures à la moyenne des restaurations que nous avons l’habitude de découvrir.
Ici, Ratman a eu le droit à une restauration 4K à partir du négatif original.

Ratman est aujourd’hui magnifique, avec un soin tout particulier de l’image argentique, respectant la texture pellicule et délivrant un niveau de détails extraordinaire.
Les couleurs sont envoûtantes, avec une légère desaturation, donnant une belle atmosphère.
Les scènes de nuit, avec des noirs soutenus, comme de jour sont robustes et la profondeur de champs est idéale.

Nous sommes conquis.

Note : 8.5 sur 10.

Son :

Français et Anglais DTS-HD MA 2.0

Avec un master 2.0, le tout est forcément très frontal, avec peu de finesse, tout comme le film, mais assez dynamique. Aucun souffle, bruits parasites, on ne s’attendait pas à mieux et les fréquences trouvent une belle balance.
La piste anglaise réussit à garder son « sérieux » là où la piste française fait la part belle à des doublages à dormir debout qui renforceront l’esprit discount de la proposition.

Note : 7 sur 10.

Suppléments :

Nous n’espérions que peu de choses en suppléments, et pourtant l’éditeur nous sert un sacré accompagnement. Sans se servir dans les suppléments de chez Black Cauldron, Le Chat Qui Fume a capturé deux entretiens exclusifs.

• GARE AU RAT ! avec le directeur de la photographie, Roberto Girometti (21mn) :
L’entretien avec Roberto Girometti est très intéressant.
Le directeur de la photographie revient sur la deuxième moitié des années 80 en Italie avec une véritable affection. Il dit tout son amour pour le cinéastes de l’époque et revient sur sa rencontre avec Giuliano Carnimeo dans le bureaux de Fluvia Films.
Durant l’entretien, il revient sur les trois semaines de tournage, livre ses pensées sur les acteurs, tous charmants à ses yeux, et le plaisir qu’a été le tournage.
Pour clôturer le voyage, Girometti compare les manière de travailler entre hier et aujourd’hui du passage à la pellicule au numérique.
• LA LECON DE LA PEUR avec le scénariste Dardano Sacchetti (27mn)
:
ALERTE ! Un entretien avec Dardano Sacchetti, scénariste historique de l’âge d’or des films de Lucio Fulci, ça ne se rate sous aucun prétexte.
Le scénariste revient sur la genèse du projet, la commande de Fabrizio De Angelis : concevoir un film d’horreur autour de Nelson De La Rosa.
Sacchetti dépiaute progressivement Ratman, aborde un jumelage avec la trame du Zombie de Fulci et s’enfonce dans l’expérience d’écriture et l’expérience plateau.
On ne vous en dit pas plus. Foncez !
• Film annonce

• Un livret avec des photos d’exploitation du film

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