De sombres esprits hanteraient le Château de Providence et, selon la légende, quiconque y passerait la nuit trépasserait. Pour le journaliste Alan Foster, tout cela n’est que balivernes et il décide de s’y installer au coucher du soleil. Dès lors, le cauchemar commence.

| Réalisateur : Antonio Margheriti |
| Acteurs : Barbara Steele, Georges Rivière |
| Genre : Horreur |
| Pays : Italie |
| Durée : 88 minutes |
| Date De Sortie (cinéma) : 1964 Date De Sortie (Blu-Ray 4K UHD) : Novembre 2024 |
Ressorti dans une poignée de salles en 2022, il n’avait pas été possible pour Kino Wombat de découvrir Danse Macabre.
L’attente pour s’enfoncer dans la pellicule d’Antonio Margheriti mais également pour se perdre dans le regard de Barbara Steele, commençait à se faire longue.
L’annonce d’Artus Films a alors fait fleurir nos esprits et a porté nos espoirs aux nues lorsque l’éditeur a glissé le doux songe d’une sortie en 4K UHD, avec traitement Dolby Vision.
Cela relève du surnaturel, d’une vision fantomatique, et pourtant, l’édition colossale est aujourd’hui entre nos mains.
Le voyage commence avec cette toute première édition coffret 4K UHD de la part d’Artus Films.
Notre rétine frémit d’impatience.

Danse Macabre : Ritournelles et Rituels, Le Gothique à l’Italienne
Le Dessein d’une Italie Bis
Danse Macabre débute comme une mauvaise farce. C’est l’histoire de trois hommes dans une auberge, Edgar Allan Poe, un bourgeois local et un journaliste du Times.
Le journaliste poursuit Monsieur Poe depuis des jours pour décrocher une interview et dissocier le vrai du faux des écrits de l’écrivain-poète, prince du macabre.
Au cours de l’échange, le bourgeois saisissant le scepticisme du journaliste face au surnaturel propose à ce dernier une expérience : s’enfermer dans un château abandonné, hanté, durant une nuit, celle séparant le 1er novembre du 2 novembre, le premières heures du jour des morts.
Le journaliste est néanmoins mis en garde car chaque année des sceptiques pénètrent la bâtisse et disparaissent mystérieusement.
Le défi est relevé, une nuit fait de motifs spectraux, et d’âmes maudites, débute.
Derrière la porte du château, une jeune femme l’accueille…
Ce qui est particulièrement troublant autour de Danse Macabre, au-delà d’avoir été le premier film étant estampillé bis, c’est sa capacité à contenir une grande partie des créateurs du cinéma italien d’exploitation allant des années 60 aux années 80.
Le long-métrage, dès lors que l’on se penche sur son casting et ses techniciens a de véritables allures d’un All-Stars Movie.
Ecrit par Sergio Corbucci (Django, Le Grand Silence), Danse Macabre est remis entre les mains d’Antonio Margheriti (Pulsions Cannibales, La Sorcière Sanglante).
C’est un vrai mirage cinéphile de voir cette alliance Corbucci-Margheriti, mais ceci n’est qu’un fragment du mirage car l’assistant réalisateur n’est autre qu’un certain Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust, La Maison Au Fond Du Parc), que le second scénariste se nomme Giovanni Grimaldi (Le Manoir De La Terreur) et, qu’enfin, à la composition nous retrouvons l’enivrant et définitivement bis Riz Ortolani (La Longue Nuit De L’Exorcisme, Cannibal Holocaust).
Dans cette tortueuse association de noms il y a une passation de flammes entre deux générations.
Dans cette tortueuse association de noms il y a le travail de nouveaux motifs, l’outrepassement de certaines frontières, le relief d’un cinéma italien chien-fou qui sera lâché dès les années 70 avec des cinéaste tels que Fulci, s’affirmant à travers la violence de ses westerns et se révélant par la maestria de ses giallos, Argento, qui poussera les motifs de Bava vers des sphères d’une cruelle pugnacité visuelle ou encore Joe D’Amato qui propulsera l’ultra-violence et le cinéma fauché vers des sommets extraordinaires.
Cette fourmillante collaboration permet à chacun de laisser une trace de ce qu’il a été ou de ce qu’il sera et donne au film une dimension singulière aux formes changeantes, aux mouvements novateurs, permettant de prolonger le gothique à l’italienne qu’avait acté Mario Bava avec Le Masque Du Démon, ainsi que Le Corps Et Le Fouet, et dessiner un cinéma transalpin en pleine mutation célébrant le corps hurlant, l’horreur crasse et la violence décomplexée.
De plus, Danse Macabre ne brille pas seulement que du côté de ses créateurs car il porte un visage qui aura traversé les générations et les continents dans toutes leurs latéralités : l’envoûtante Barbara Steele.
Une actrice-phare aura joué dans Huit Et Demi réalisé par Federico Fellini, Le Masque Du Démon réalisé par Mario Bava, Lost River réalisé par Ryan Gosling, Piranha réalisé par Joe Dante, Frissons réalisé par David Cronenberg ou encore Le Puits Et Le Pendule réalisé par Roger Corman, rien que cela…

Romantisme et damnation, miroir de l’entre-monde
La proposition de Margheriti, écrite par Corbucci, est une oeuvre extrêmement généreuse, une sorte de somme de tous les gothismes partant des premiers frissons du muet aux hurlements de la Hammer tout en prolongeant les travaux italiens de Bava.
Danse Macabre s’explore à la manière d’un train fantôme, d’une gigantesque horloge, il y a tout autant de statismes que de lentes déambulations faisant s’évaporer les structures des lieux, créant un interstice glissant faisant passer du réel aux champs du surnaturel.
Les récits classiques se croisent, des histoires de fantômes au vampirisme jusqu’aux voiles de la comtesse Bathory.
Plus le regard explore l’intrigue et plus les mécanismes narratifs viennent cueillir la conscience pour la prendre à revers, invitant à se questionner sur la position spectateur et s’interroger sur le vrai, le faux, le vivant, le mort.
Le prodige réside dans cette curieuse position où le temps d’une respiration l’aura de la plume de Poe saisit. Margheriti touche à la beauté des mots qu’il fait images.
Non sommes dans une adaptation lointaine d’un récit de l’auteur fantastique, dans un laboratoire sensoriel au cœur d’une glaçante recherche questionnant l’âme, le corps et le temps, son infini et ses limites.
L’espace ne cesse de se renfermer, les atmosphères sont enivrantes, peut-être même le plus obsédantes en la matière que nous avons pu traverser.
La flamme émanant du chandelier dans l’obscurité absolue appelle la rétine.
La lumière faite brasier, douloureuse sécurité face à la nuit, ses charmes et ses peurs, ses mystères et ses mythes.
Danse Macabre, incantation par-delà le bis
Danse Macabre est une déambulation frissonnante faite d’amours, de crimes, de passion et de sang.
Les silhouettes progressivement se dévoilent, se dénudent, la chair est pénétrée, un pacte signé.
Un magma dangereux où la vie s’extasie face à la menace imminente du trépas.
Le sentiment d’exister, un temps, avant l’oubli, l’éternité.
Antonio Margheriti signe son plus grand film. Barbara Steele nous inflige une leçon de magnétisme obsédant.
Danse Macabre, malgré son estampillage bis, est avant tout une immense pièce de cinéma fantastique se jouant des mythes, des lieux, des temps, de la vie, de l’amour, de la chair, de la mort.

Les caractéristiques techniques de l’édition
Image :
C’est magnifique. L’image a été nettoyée, le cadre parfaitement stabilisé. Demeure quelques rares marques de la pellicule, mais cela relève de l’anecdote.
La proposition faite par la société cinématographique Lyre, en partenariat avec de nombreux autres acteurs porte la vision gothique d’Antonio Margheriti vers les sommets esthétiques qui lui reviennent.
Les travaux autour de la texture pellicule, du grain et de la balance entre le noir et blanc avec un nuancier de gris stupéfiant offrent à Danse Macabre une véritable exhumation.
Le piqué est très développé et une myriade de détails font leurs apparitions, même ceux dans les recoins les plus obscurs.
Les noirs ne sont jamais bouchés, travaillent les différentes oscillations tonales pour atteindre un niveau de lecture des cadres stupéfiants.
De plus, l’apport Dolby Vision, pour le disque 4K UHD permet une justesse dans les contrastes sidérante, creusant toujours plus les détails et offrant une profondeur très agréable.
Un de nos coups de cœur de l’année.
Son :
Français, Italien, audiodescription
La piste italien 2.0 mono a eu le droit à un très beau nettoyage et à un véritable gain dans les dynamiques vocales, atmosphériques et instrumentales.
Tout y est très clair et aucune fréquence ne joue de cannibalisme. Bien évidemment ne vous attendez pas aux montagnes russes, il s’agit ici d’une piste frontale, bien évidemment, mais d’une justesse exemplaire.
Suppléments :
Artus Films en plus de sortir une des plus belles restaurations de l’année s’offre le chic de proposer l’une des éditions les plus fournies des derniers mois.
Tout n’a pas encore été visionné, l’article sera régulièrement mis à jour dans les jours à venir, mais sachez qu’à la vue des intervenants, des thématiques abordées et du caractère inédit des propositions, vous allez passer quelques jours à vous émerveiller, vous allez passer quelques jour à frisonner.
L’éditeur a fait le choix judicieux de proposer les suppléments sur un disque blu-ray uniquement dédié à ces derniers.
De plus, l’édition ne s’arrête pas aux bonus sur disque car Danse Macabre se déguste à travers une box du plus bel effet, pas si simple à ouvrir pour les gros doigts, contenant un magnifique digipack, des cartes postales et un livre de 96 pages qu’il ne faut rater sous aucun prétexte.
L’ouvrage renferme un échange détaillé et fourni entre Jean-Pierre Bouyxou et Vincent Roussel revenant sur Danse Macabre, Barbara Steele, le gothique à l’italienne et ses prémices puis les échos engendrés par le film de Margheriti. DINGUE.
La liste complète des suppléments sur le Blu-Ray Bonu :
- « L’Éclat d’un rêve d’opium » par Nicolas Stanzick (2024, 72’24”)
- « L’Aventure Danse macabre » avec Olivier Père, Jean-François Rauger et Paola Palma (2024, 93’23”)
- « Retour au château » sur les lieux du tournage à Bolsena, Italie (2023, 23’49”, VOST)
- « Le Réalisateur qui n’aimait pas le sang » : Entretien avec Edoardo Margheriti (2024, 13’40”, VOST)
- « Danse macabre, la véritable histoire » par Adrian Smith (« Danza macabra: The True Story », 2023, 8’52”, VOST)
- Prise alternative (2’22”, VF)
- Diaporama d’affiches et photos (2’42”)
- Bande-annonce originale (3’29”, VF)


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