Dans un supermarché, les membres d’une équipe de nuit tentent d’échapper aux griffes d’un tueur sanguinaire.
ESC nous a habitué à de nombreuses collections que cela soit autour des studios Amicus, des studios Hammer, du cinéma de Mario Bava ou bien même dans son traitement de la filmographie de JCVD.
C’est en ce début 2025 que l’éditeur propose une nouvelle échappée avec la collection Slash’Edition, dédiée au slasher.
Premier arrêt : Intruder réalisé par Scott Spiegel.
Un film réalisé par l’un des scénaristes d’Evil Dead 2 avec pour acteurs Ted Raimi, Bruce Campbell et Sam Raimi lui-même.
Bref de l’horreur entre potes où la lame dessine l’histoire.

| Réalisateur : Scott Spiegel |
| Acteurs : Sam Raimi, Elizabeth Cox, Brue Campbell, Ted Raimi |
| Genre : Slasher |
| Pays : Etats-Unis |
| Durée : 88 minutes |
| Date de sortie : 1989 (salles) 9 avril 2025 (Blu-Ray) |
Intruder,
Americut Blade Of Life
À la nuit tombée, le gérant d’un supermarché, en périphérie de la ville, convie ses employés pour une nouvelle importante. Lui et son associé ont décidé de mettre fin à l’activité du lieu. L’annonce fait l’objet d’une véritable explosion au sein de l’équipe.
Les employés retournent à leurs postes, plus ou moins anxieux. Dans l’ombre, les portes du magasin se ferment.
A l’intérieur un tueur fou est en train de sévir.
S’agit-il de l’amant jaloux d’une caissière ? D’un rôdeur ? ou bien encore d’un membre du staff au bord de la crise de nerfs ?
Scott Spiegel, dont Intruder est le premier long-métrage, est un ami de Sam Raimi, le père de la trilogie Evil Dead, chez qui il a d’ailleurs joué à de nombreuses reprises et pour qui il a écrit des scénarios.
Une amitié qui remonte à l’avant Evil Dead, le cinéaste d’Intruder faisant partie intégrante de la création de ce grand classique de l’horreur.
Une décennie après ses deux court-métrages, Spiegel passe finalement au long, lorgnant du côté du slasher.
Une curieuse idée lorsque l’on connaît l’état du mouvement à la fin des années 80.
Le filon s’est tari, le genre tourne en rond, et le prochain oasis n’arrivera pas avant le fin des années 90 : la vague du néo-slasher portée par le Scream de Wes Craven.

Alors qu’en est-il de ce Intruder ?
Qu’en est-il de cette réalisation naissant au coeur d’une époque où l’horreur est avant tout gore à tendance grand-guignolesque à la manière de Peter Jackson, Brian Yuzna, Stuart Gordon et Frank Henenlotter ?
Et bien Intruder est justement à l’entre-deux, quelque part entre retro-slasher et néo-slasher, il s’agit même d’un geste avant-gardiste pour le genre, mêlant sauvagerie organique et cynisme tirant sur les zygomatiques. Scott Spiegel est parvenu à saisir les dynamiques de son temps.
Bien que la proposition ait du mal à enclencher son récit, essayant de façonner des personnages somme toute inintéressants, Intruder se révèle d’une monstrueuse inventivité en matière de crimes et massacres plastiques.
On ressent la forte inspiration Sam Raimi dans les mouvements de caméra. Spiegel ne cesse d’oser les mouvements singuliers et les points de vue inattendus. C’est d’une vigueur envoûtante.
L’histoire progresse, l’intérêt pour le récit est proche du néant mais la chair qui exulte, elle, est largement suffisante pour offrir un divertissement horrifique de qualité.
On en vient même d’ailleurs à découvrir des trouvailles de mise en scène qui ne seront finalement reprises que des années plus tard, comme ce cache-cache dans la chambre froide qui renvoie instantanément au Massacre A La Tronçonneuse réalisé par Marcus Nispel en 2003.

Néanmoins et bien que nous crachions sur son récit sans grand intérêt, une ligne narrative secondaire se structure, une ligne de lecture d’un pays dévoré par son ultra-libéralisme : les Etats-Unis.
En fixant son déroulé, en huis-clos au sein d’un supermarché, Spiegel observe tout autant l’échec du rêve américain, de l’American Way Of Life des 50s, que la transformation du consommateur en consommable, de l’acheteur en produit. C’est d’ailleurs avec de bonnes gueules américaines, des gueules caricaturales et déformées par l’injonction à l’image, que le film est porté. Qu’il s’agisse de Ted Raimi, Elizabeth Cox, Sam Raimi ou encore Bruce Campbell, le visages sont la vitrine d’un pays déliquescent.
Débités à la scie à os, traqués derrière les caisses, empalés sur l’exercice comptable, ce sont toutes ces images transperçantes que Spiegel façonne. Des photogrammes qui portent sa vision plus loin qu’un simple plaisir régressif.
C’est une mise à mort par la lame, c’est une asphyxie par le sang, où les corps se déforment, se désossent, se démembrent.
Bref, Intruder est un sympathique slasher qui tâche.
Un film fait par des potes, Scott Spiegel, la fratrie Raimi et Bruce Campbell, pour des soirées entre potes.
Venez affronter l’organe vital du rêve américain, le supermarché et ses allées de produits appelant à la consommation.
Venez affronter l’horreur brute, celle qui fait du corps un tas de chair, qui ôte tout humanité pour rappeler au sang, le tout dans une ambiance absurde de fête foraine.

Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
Image :
Comme indiqué par un intertitre introductif, le master en présence est la résultante de l’assemblage de différents matériaux plus ou moins bien conservés.
Il s’agit néanmoins de l’unique copie actuellement restaurée, un master HD robuste mais imparfait.
Intruder livre dans sa globalité, 90% du film, un rendu de très bonne facture avec un piqué soigné, offrant de nombreux détails, un soin de la texture pellicule certain, avec un grain agréable et contrôlé ainsi qu’une colorimétrie très pop, propulsant les couleurs primaires au cœur de la rétine avec un tranchant saisissant.
Là où la copie peut alors battre de l’aile c’est sur son générique d’introduction et quelques séquences marquées par des griffures, pocs, lignes verticales et autres affres du temps.
Une situation qui ne gêne à aucun moment apportant presque une dynamique Grindhouse, une aura de film de vidéo club, cela tombe bien c’est exactement ce qu’est Intruder.
Enfin, reste que la copie est de très bonne facture.
Son :
Deux pistes sont proposées en Dts-HD MA 2.0 en VF et en VOSTF.
La piste VOSTF a de bonnes dynamiques, tout particulièrement autour de la bande son, un équilibre des graves et aigus très juste et aucune saturation.
Reste seulement des voix légèrement en retrait dans le mix général.


Suppléments :
ESC pour cette première sortie Slash’Edition propose un contenu additionnel particulièrement intéressant :
- Commentaire audio avec le réalisateur, Scott Spiegel, et le producteur, Lawrence Bender
- Séquences de meurtre (10 min)
- Introduction au film par Marie Casabonne, responsable éditoriale Universciné (2 minutes) :
Courte introduction qui apporte néanmoins de nombreux axes différents pour décortiquer les scènes et prendre conscience de ce tournage entre amis.
Les mots de Marie Casabonne sont justes et le supplément est idéal en amorce du film. Génial. - Aux origines du slasher (16 minutes) :
Marie Casabonne revient sur l’histoire du slasher.
Elle ancre le genre par le biais de marqueurs temporels, soulève le fait que les crimes ont lieu durant des célébrations telles que Noël ou la Saint Valentin, à la façon de malédictions, et aborde la psychologie génératrice d’une sauvagerie à venir.
Avant d’approcher une chronologie du genre, Casabonne prend le temps d’identifier toutes les mécaniques du genre.
En partant du giallo, de la collection littéraire à la pellicule, elle explore les films clés du genre qui vont paramétrer les rouages du slasher faisant la bascule de La Baie Sanglante vers Vendredi 13 et ficeler le tout avec une approche états-unienne convoquant tout autant Massacre à La Tronçonneuse et La Colline à Des Yeux.
De Black Christmas à Intruder, Marie Casabonne tisse l’évolution d’un genre allant des pierres angulaires jusqu’aux sentiers de sa réinvention où Intruder pourrait être perçu tel un pivot vers le néo-slasher.
Un excellent supplément. - Auditions (12 min) :
Supplément particulièrement intéressant, l’audition des acteurs du film propose de chouettes séquences et permet de plonger pleinement dans les coulisses de cette création entre potes. - Galerie photos (5 min)
- Bande-annonce
- Livret de Marc Toullec
Pour découvrir Intruder en Blu-Ray :
https://www.esc-distribution.com/accueil/10444-intruder-combo-dvd-bd-edition-limitee-3701432022222.html?srsltid=AfmBOootBa28bsp_hTOYJbaVwOEdR46LjkkqeqkS6o8yksEWgB07KF3F


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