Alpha, 13 ans, est une adolescente agitée qui vit seule avec sa mère. Leur monde s’écroule quand, un jour, elle rentre de l’école avec un tatouage sur le bras.

| Réalisatrice : Julia Ducournau |
| Acteurs : Golshifteh Farahani, Mélissa Boros, Tahar Rahim |
| Genre : Drame, Fantastique |
| Pays : France, Belgique |
| Durée : 128 minutes |
| Date de sortie : 20 août 2025 (salles) |
Le cinéma de Julia Ducournau ne m’a jamais emballé.
Lorsqu’elle présentait Grave à La Semaine De La Critique en 2016, j’étais présent et face à mes mirettes se jouait un chouette petit film de genre, aux accents comiques touchants.
A son retour à Cannes, en 2021, pour sa Palme D’Or Titane, j’avais été bien moins réceptif, la cinéaste était devenue particulièrement présomptueuse et délivrait un récit en dents de scie avec une approche de l’horreur vidée de sa matière, jouant sur les axes sur-usités de questions freudiennes douteuses.
Alors qu’en est-il en 2025, pour Alpha, troisième long-métrage porté par l’intrigant duo Golshifteh Farahani et Tahar Rahim ?
Je vais être clair avec vous. Je ne tiens pas à vous faire mariner plus longtemps.
Alpha est le plus mauvais film de Julia Ducournau, le plus désastreux film de la compétition et certainement le film le plus exaspérant de l’année.

La cinéaste installe son récit au coeur des annees 90 où un virus qui se transmet par le sang transforme les contaminés en statues de marbre.
Dans ce cadre de paranoïa généralisée, jouant sur les échos du SIDA, la jeune Alpha, 13 ans, rentre chez elle avec un tatouage réalisé par un camarade de classe lors d’une soirée arrosée.
Lorsque sa mère découvre le tatouage, elle est prise de panique. Elle se remémore son frère, toxicomane et porteur du virus. Elle se rappelle l’horreur.
Un beau jour, le frère disparu fait son retour, son état s’est fortement dégradé.
Alpha, elle, dont le bras saigne régulièrement, devient le bouc-émissaire de sa classe, la rejetée.
Il s’agit d’une gigantesque usine à gaz.
Ducournau, avec le poids d’une Palme D’Or sur les épaules, s’embarque dans un film qu’elle n’arrive jamais à tenir, boule informe, qui ne cesse de déborder, de se dérober et de s’aplatir mollement sur le sol.
La cinéaste s’accroche à la moindre possibilité thématique, à la moindre problématique qui lui traverse l’esprit, entre questions sociales, politiques, sanitaires et humaines, et ne sait développer ses questionnements, pire, elle s’aventure dans des raisonnements branquebalants à la limite de l’acceptable, disons-le, dans des pistes d’écriture honteuses.
Jamais la question du SIDA n’aura été abordée de manière aussi stupide au cinéma, s’amusant à créer de la misère sur l’ignorance de la population des 90s face à la maladie, porte par laquelle elle ose tout et n’importe quoi pour impressionner. Ducournau livre un fantasme vaseux et dangereux.
De plus, jamais la question de la toxicomanie n’aura été aussi insultante que dans Alpha.
Le personnage interprété par Tahar Rahim est au seuil de la mort au début du film, enchaîne shoot sur shoot, et pourtant, dix ans plus tard, sa situation reste inchangée, sa santé presque stabilisée dans ce purgatoire douteux. Cela n’a aucun sens.
Plus largement, le traitement de la consommation de stupéfiants au sein de la société est insupportable, prenant les moindres raccourcis à portée de caméra.
La recherche s’élève à la hauteur d’une enquête de voisinages, de ondits.
Cela fait déjà beaucoup pour un film qui ne maîtrise pas ses sujets et les vide de leurs matières.
Mais ce n’est pas tout car il y a aussi la lecture d’une France écartelée entre bourgeoisie et banlieue, entre la mère docteure ayant su échapper à sa condition et sa famille encore en cité HLM, entassée, abandonnée, dans des espace reculés et désertiques.
Quant au professeur homosexuel, interprété par Finnegan Oldfield, donnant des cours de poésie pour ouvrir la perspective « du rêve dans le rêve qui n’est que cauchemar » et dont le conjoint est atteint de la maladie de marbre, c’est la cerise sur le gâteau.
Il y a un ton cafardeux et victimisant constant dans ce Alpha, jouant sur tous les stéréotypes, une teinte qui ne relève plus de la mise en scène mais du naufrage, de la bêtise.

Tenez-vous bien, car la chute ne fait que commencer, car au-delà d’être mal écrit, bête et vulgaire dans son propos, Alpha est également un désastre visuel, une impasse en terme d’acting et un abysse dans l’écriture de ses dialogues.
Ducournau alterne entre image chaude et organique, la période insouciante de l’avant-virus, et photographie ultra-lumineuse désaturée aux airs de cendres, pour marquer l’atmosphère apocalyptique de la proposition.
Les acteurs, eux, sont une triste caricature d’une époque et d’un milieu.
Tahar Rahim n’a pas perdu l’accent pied noir de son tournage précédent et offre une interprétation gênante sorte d’Aznavour sous héroïne au maquillage grotesque.
Golshifteh Farahani, elle, fait de son mieux, interprète avec justesse mais ne peut rien faire contre des lignes de dialogue écrites avec si peu de réflexion.
Enfin, et ce n’est pas rien, le acteurs adolescents donnent la nausée et ne parviennent pas à résonner avec le film. A 13 ans, dans le années 90, en pleine paranoïa sanitaire, les enfants sortent boire jusqu’à en vomir la nuit, se tatouent de manière sauvage et essaient continuellement de passer à l’acte charnel.
Alpha est absolument infect.
Julia Ducournau a oublié toute la simplicité du geste de Grave, son unique « réussite » à ce jour, et se perd dans des développements aussi pompeux que douteux, sur le sacrifice des jeunes générations et leurs places dans la construction du futur, pensant avoir trouvé un chemin pour conter la chute d’une humanité qui ne sait plus échanger intergénérationnellement, bien que se refilant continuellement les fardeaux d’une vie.
Moche, stupide et dangereusement régressif dans ses traitements thématiques. Une honte.



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