Alex, voyou et violeur, tient sous sa coupe Ricky, un peu simplet.
Tous deux travaillent dans un garage aux affaires douteuses. Alors qu’ils s’apprêtent à sortir en boîte, ils dépannent la voiture d’un couple de jeunes bourgeois qui, pour les remercier, les invite à une soirée dans leur villa.
Si Ricky s’y amuse, Alex réalise vite que l’assemblée cherche à les humilier.
Énervé, il sort son rasoir et prend la soirée en main…

| Réalisateur : Ruggero Deodato |
| Acteurs : David Hess, Lorraine De Selle, Annie Belle |
| Genre : Horreur, Home Invasion |
| Pays : Italie |
| Durée : 92minutes |
| Date de sortie : 1980 (salles) Avril 2025 (Blu-Ray) |
Ruggero Deodato est aussi célébré que muselé.
Malgré une filmographie constituée de plusieurs dizaines de réalisations, il faut admettre que l’on connaît finalement peu sa carrière, la limitant à Cannibal Holocaust, Barbarians et La Maison Au Fond Du Parc.
Quelques raretés ont néanmoins su se hisser en dehors des filets retenus par les flots d’une Italie au cinéma exploitationnel gargantuesque dont Zenabel, Les Prédateurs Du Futur et 2 Flics à Abattre. Autant de titres qui attestent d’une carrière protéiforme, dont les films s’adaptent aux filons transalpins du moment que cela soit la comédie érotique, le home invasion, le film de cannibales, les polizziotesco ou encore les dystopies-chaos.
Ici, Le Chat Qui Fume ne va pas débusquer une pièce oubliée mais plutôt célébrer un classique qui commençait à avoir une odeur poussiéreuse depuis son édition DVD néo-publishing : La Maison Au Fond Du Parc.

La Maison Au Fond Du Parc, bis repetitae et autres impasses
Tout juste revenu de la jungle et de ses expérimentations cannibales, Ruggero Deodato ne rentre pas immédiatement en Italie et fait un détour par New York, histoire de s’essayer à un filon états-uniens typique des 70s : le home-invasion.
La Maison Au Fond Du Parc n’est ni plus ni moins qu’une variation bis repetitae du classique de Wes Craven, La Dernière Maison Sur La Gauche, le réalisateur en vient même à convier un des acteurs du film de 1972, David Hess.
Il emprunte cet écrin intrusif, film d’assaut et de de dépossession, de viol et d’ultra-violence en gardant un maniérisme particulièrement italien esquivant le motif du Rape & Revenge, divisant conventionnellement le récit en deux blocs de durées comparables, à savoir l’agression puis la punition, préférant ici abuser sur la corde des sévices et réservant la vengeance à un rebondissement grotesque tenu par un whodunit de mauvais genre.
Deodato comme une grande partie de ses confrères italiens s’étant essayé à la grande ville états-uniennes, passe à côté de l’espace qu’il emploie, ne le comprend pas.
Là où Wes Craven parlait d’un pays divisé entre mouvement post-Flower Power décadent et familles puritaines, Deodato, lui, tout comme Fulci et son L’Eventreur De New-York, ou encore Argento et son Trauma, n’arrive pas à saisir un pays qu’il fantasme dans ses dynamiques violentes et réserve simplement l’essai à un sordide jeu de style outrancier, territoire dans lequel il excelle il faut bien l’avouer.
Il y a ici une tonalité particulièrement grinçante, forçant l’humour caustique, et enchaînant diverses horreurs. Les échappatoires ne cessent de se réduire et la jeunesse bourgeoise voulant rire des traînards des bas-fonds se trouve prise en étau.
Deodato tente tous les retournements scénaristiques et psychologiques qu’il peut avoir sous la main, à la bonne franquette.
Les personnages deviennent d’une grande artificialité, des corps-stéréotypes douteux, mais l’atmosphère, elle, parvient à créer un certain malaise poissard.

Ce climat de film de fond de cuve se trouve alimenté par un casting certes parvenu des meilleurs plateaux du genre mais qui a dû mal à trouver symbiose.
Tout est grinçant de la performance aux interactions, des échanges aux gestes.
D’ailleurs, et finalement, le seul personnage-dédale véritablement intrigant reste cette maison, à géographie variable, difficilement localisable, dans une ville hurlante, qui se trouve ici dans un silence lourd comme une chappe de plomb. Un sentiment d’étouffement s’échappe alors que les espaces sont particulièrement grands.
Mais il va falloir que je m’arrête en chemin car même si la senteur est douteuse, la manière racoleuse, il est important de noter cette matière filmique irrévérencieuse, qui ne baisse jamais la tête et tente tout pour créer le malaise qu’il décroche d’ailleurs haut-la-main.
Dans ce home invasion à l’italienne, on ressent tout le fantasme morbide qu’a pu inspirer une décennie plus tôt les intrusions sordides de la Mansion Family en Californie.
C’est le marqueur d’un temps déjà révolu, une pulsion transalpine qui touche à une perception d’un réel qui n’existe déjà plus. Le cinéaste arrive trop tard, mise sur un chaos d’il y a une décennie. Reste alors une projection crasse, un regard européen d’un pays qui avance à grande vitesse dan son chaos.
Dans les ruelles de la Grande Pomme rongée par la drogue, au début des 80s, un tueur à la perceuse sévi, une jeune femme règle ses comptes ms45 au poing, l’avènement Ferrara débarque, avec Driller Killer ainsi que L’Ange De La Vengeance.
Lorsque l’attaque de la maison au fond du parc débute, le pays est déjà tourné vers d’autres impasses humaines, qui investissent la rue, le pavé, ne se limite plus à l’ombre des foyers.

C’est justement là que vient toute la chaleur de ce film déjà dépassé à l’époque de sa sortie, qui joue d’un crime déjà saturé, prenant toutes les arcanes usitées jusqu’à devenir aujourd’hui 45 ans plus tard un véritable moment kitsch surprenant et étrangement divertissement.
Ici, Deodato perd l’avance qu’il avait pris avec la déferlante acide Cannibal Holocaust, rétrograde, et fonce dans un pur moment de sadisme exploitationnel, n’essayant rien d’autre que d’outrer, troubler et égratigner la rétine.
C’est bas, c’est crasse, le pari est relevé, La Maison Au Fond Du Parc a un goût de cauchemar, entre la saumure et le vitriol, une flagrance de piège sordide où sa clôture de récit à la façon petit bourgeois et d’autant plus amère.
L’écran redevient noir et un spectre passe devant nos rétines, Michael Haneke et son Funny Game, ici est une voie sans issue criarde, une ombre du cinématographe, qui a nourri la réflexion d’un des plus grand cinéastes du XXI° siècle. Et cela est déjà énorme.



Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
L’édition reprend tous les codes éditoriaux de l’éditeur et Frédéric Domont, graphiste, fait encore un travail remarquable pour faire renaître et moduler l’affiche originale, sur l’étui cartonné, et travailler un visuel inédit à partir d’une image du film sur le visuel scanavo.
Comme toujours, un belle objet de collection.
D’ailleurs, nous avons plusieurs bibliothèques dédiées aux éditions Le Chat Qui Fume désormais, et visuellement, c’est beau !
Image :
De manière générale le master en présence de La Maison Au Fond Du Parc est une grande réussite, faisant oublier nos souvenirs poussiéreux de la sortie DVD.
Le film retrouve une véritable jeunesse, on pense au gap vécu entre le DVD de I Spit On Your Grave et sa récente ressortie.
Qu’il s’agisse du niveau de détails ou encore la colorimétrie, nous sommes face à des performances que nous n’attendions pas forcément, quitte à avoir même certaines séquences entêtantes de par leur nouvel impact graphique, c’est pour dire.
Le caractère organique de la pellicule a été conservé.
Le cadre est parfaitement stabilisé mais réside encore certains plans marqués : griffures, pocs et légère patine. Une situation qui est passagère, presque anecdotique, mais présente.
Son :
Italien & Français en DTS-HD MA 2.0
Nous sommes restés du côté de la VOSTFR.
La piste a été correctement nettoyée, les équilibres entre fréquences sont justes, la bande originale respire et les voix sont parfaitement intelligibles.
Il n’y a pas besoin de plus pour profiter du film de Deodato.
Suppléments :
Les éditions Le Chat Qui Fume sont souvent des mines d’or pour prolonger le voyage de certains films.
Ici, un unique supplément, mais quel supplément, un documentaire de 82 minutes autour du film.
- Dans la maison avec des interviews du réalisateur Ruggero Deodato, du directeur de la photographie Sergio d’Offizi, du décorateur Antonello Geleng et de l’acteur Giovanni Lombardo Radice (1h28) :
Tout ce que vous vouliez savoir et plus sur La Maison Au Fond Du Parc, sorti la même année que Cannibal Holocaut, deux tournages et des budgets glissants, un acteur, Deodato, le directeur photo et le décorateur.
Il faut être fan pour être saisi de bout en bout mais il s’agit d’un beau moment de découverte. - Film annonce
Pour découvrir la Maison Au Fond Du Parc en Blu-Ray :
https://lechatquifume.myshopify.com/products/la-maison-au-fond-du-parc?srsltid=AfmBOorrGqX9FW6OtG1c2HJz-3zdmMPaYZViEwTxHRyvONiNT54T4whn


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