La famille Satomi a été décimée par la maléfique Tamazusa et son fils Matofuji, chefs du clan Hikita. Seule la princesse Shizu réchappe au massacre. En fuite, pourchassée par ses ennemis, elle croise le chemin du vaillant Dosetsu, un mystérieux guerrier. Celui-ci lui révèle l’ancienne rivalité entre les deux clans, ainsi qu’une légende : la lignée des Satomi pourrait être sauvée grâce à huit samouraïs, ressuscités par le pouvoir de huit boules de cristal.

| Réalisateur : Kinji Fukasaku |
| Acteurs : Sonny Chiba, Hiroyuki Sanada, Hiroko Yakushimaru |
| Genre : Jidai-Geki Fantastique |
| Pays : Japon |
| Durée : 136 minutes |
| Date de sortie : 1983 (salles Japon) Septembre 2025 (Blu-Ray/4KUHD) |
Un véritable raz-de-marée venu d’Asie est en train de nourrir de sempiternelles attentes et espoirs des cinéphiles hexagonaux.
Entre l’arrivée de chapitres absolument cultes de l’histoire du cinéma hong-kongais, l’exhumation d’Edward Yang et du cinéma taïwanais, le progressif essor des horizons cinématographiques philippins, le réveil du cinéma thaïlandais en salles et l’excavation d’un catalogue extrêmement rare venu droit du Japon, c’est une véritable renaissance à laquelle il est possible d’assister, celle d’un continent tout entier trop longtemps limité à des sorties compte-gouttes.
Cette fois-ci, direction le Japon.
Entre Le Chat Qui Fume et Roboto Films, c’est une grande célébration qui se joue sous nos mirettes éberluées, ravivant tout autant le pinku eiga que la carrière de cinéastes cultes malheureusement occultés.
Dans ce registre de réalisateurs incontournables, et dont on connaît peu la filmographie, il y a le cas Kinji Fukasaku, principalement célébré pour Battle Royale.
Son geste d’un cinéma populaire suivant les filons de son temps dévoile ces derniers mois de merveilleux sillons oubliés en Occident, à savoir, Samouraï Réincarnation, Le Samouraï et Le Shogun, Violent Panic : The Big Crash ou encore Hommes, Porcs et Loups.
Aujourd’hui c’est un petit mythe qui renaît du côté de Le Chat Qui Fume : La Légende Des 8 Samouraïs.

La Légende Des 8 Samouraïs
Serpents Volants, Boules de Cristal, Bain De Sang et Malédictions
Trois ans avant le séisme vidéoludique The Legend Of Zelda, ses donjons, entités démoniaques et items dissimulés, Kinji Fukasaku travaillait le Japon Médiéval ainsi que ses terres parcourues par les ténèbres, légendes, chevaliers, princesse et armes magiques.
Un an avant la déferlante Akira Toriyama, et son Dragon Ball, les boules de cristal parcouraient déjà le pays du soleil levant.
Dans un Japon déchiré par ses guerres seigneuriales, la famille Satomi est sous le coup d’un malédiction lancée par la démoniaque Tamazusa.
Un siècle après le sort lancé, la sorcière ressort de l’obscurité, accompagné de son fils et de son armée, bien décidée à décimer toute la lignée Satomi, collectant le sang de chacun des membres de la famille.
Les têtes tombent, le sang nourrit les chairs de Tamazusa.Néanmoins, il manque à l’appel la princesse Shizu, en fuite.
Une légende raconte que huit samouraïs, armés de pierres magiques pourraient faire tomber la malédiction, aider la princesse Shizu et renvoyer Tamazusa ainsi que son fils à la poussière.

Découvrir La Légende Des 8 Samouraïs en 2025, est une troublante expérience de cinéma populaire, point de bascule entre le cinéma de samouraïs et la plongée heroïc fantasy du début des années 80.
Fukasaku est un maître du divertissement japonais, un cinéaste touche-à-tout, se laissant porter par l’air du temps.
Ici, le réalisateur tente les hybridations les plus saugrenues, va jusqu’à la limite du bon goût pour tracer un voyage singulier aussi envoûtant que boiteux, entre guerres seigneuriales et échos d’un cinéma d’aventure états-uniens, le tout saupoudré d’une grosse couche de Rock FM US 80s.
Sa caméra se stabilise, il n’a plus son irrévérence punk et ses mouvements sauvages, et se risque à une audacieuse épopée grand public.
Préparez-vous, une grande aventure s’ouvre à vous.
Fukasaku s’engage dans une odyssée, avec ses mythologies et ses personnages manichéens.
Un conte turbulent fait de serpents volants, de scolopendres géants, de sacrifices et de magie noire, extrêmement généreux, jouant de sur de nombreux tableaux.
Il y a tout ainsi autant la marque des 7 Samouraïs de Kurosawa que la marque ésotérique du temple maudit du second volet d’Indiana Jones réalisé par Steven Spielberg.
Un curieux magma enrobé dans un univers qui pourrait tout autant provenir de Dar L’Invicible ou Conan, Dark Crystal ou L’Histoire Sans Fin, mais à la sauce folklorique nippone.
C’est d’ailleurs la force et la limite de ce La Légende Des 8 Samouraïs qui essaie de jouer sur absolument tous les filons de l’époque quitte à frôler l’indigestion.
Il s’agit d’une intrigue aux mille rebondissements, qui freine constamment le récit pour développer des péripéties secondaires plus ou moins bien menées, où chaque aventure tierce présente l’arrivée d’un nouveau samouraï de légende.
Des rebondissements qui sont liés par d’étranges segments conviant la musique de John O’Banion entre balades langoureuses pour les séquences sensuelles et Rock à tendance épique pour les séquences d’aventure. C’est étrange, maladroit, kitsch, parfaitement fun quoi…

Ce mélange entre mauvais genre, si ce n’est mauvais goût, et aventure épique fait de ce bouillon une belle réussite.
Par-delà sa capacité à tenir la pellicule, somme toute relative, il s’agit d’un morceau de cinéma grand public extraordinairement divertissant, qui aurait gagné à avoir un montage plus resserré, certes, mais qui touche à l’âme d’enfant que tout un chacun peut avoir.
Oui, ce gamin qui jouait dans sa chambre, inventait des histoires à dormir debout, pleines de pouvoirs magiques inattendus et de rebondissements boiteux permettant de continuellement relancer la partie et ne pas voir la fin de l’histoire. C’est cela La Légende Des 8 Samouraïs.
Imaginez un film qui a le culot de mêler Kurosawa, Spielberg, Shindo, Milius, Misumi et Coscarelli, le tout avec une atmosphère rappelant tout autant San Ku Kaï que Dark Crystal… Affriolant, non ?
Et bien c’est exactement la curieuse expérience qui se dresse face au spectateur.
Fukasaku est définitivement un cinéaste surprenant, qui, au fur et à mesure de la redécouverte de sa filmographie vient s’affirmer comme un véritable maître du cinéma d’exploitation, et non plus seulement le père de Battle Royale.
Boiteux. Audacieux. Fou.

Les caractéristiques de l’édition Blu-Ray 4K UHD/Blu-Ray
Présenté sous la forme d’une édition scanavo avec fourreau, l’édition est particulièrement belle.
Que cela soit la geste de Tony Stella ou la création visuelle de Frédéric Domont c’est du beau, très beau travail.
J’adore les coups de pinceaux de Stella, il y a cette tonalité à la fois surannée et mystérieuse, une glaise magnétique qui pousse à partir à l’aventure.
L’édition comprend un petit livret écrit par Paul Gaussem.
Image :
Le master en présence est de très bonne facture, avec un niveau de détails élevé, une belle profondeur de champ, un grain organique conservé et des couleurs particulièrement éclatantes.
Le tout ressort encore mieux dès lors que le Dolby Vision est de la partie, renforçant les nuanciers et affinant le moindre relief.
Du côté des défauts, il faut noter quelques dégradés numériques sur un ou deux plans, on a tout juste le temps de s’en rendre compte et quelques effets visuels datés, où la restauration ne peut pas vraiment opérer.
La copie Blu-Ray est également une réussite, avec un piqué moindre et une finesse colorimétrique moins appuyées, certes, mais cela reste très beau.
Son :
Japonais en DTS-HD MA 2.0 et 5.1 / Français en DTS-HD MA 2.0
Du côté de Kino Wombat, nous avons apprécié le film en 5.1 VOSTF.
La piste sonore est claire, parfaitement nuancée, avec des voix contenant de belles dynamiques, pas de saturations et des segments instrumentaux très agréables à l’oreille.
La spatialisation n’est pas fine mais enveloppe le regard avec la présence de surrounds soutenus sur les bruitages et la bande originale.

Suppléments :
On a perdu les éditions digipack, malheureusement, mais avons gagné, de plus en plus régulièrement, la présence de livrets. Et comme vous le savez, j’adore les livrets.
De plus, l’édition, contenant un unique bonus, propose un entretien en compagnie de Fabien Mauro, un régal comme toujours.
- La légende de Fukasaku par Fabien Mauro (38mn)
On commence à en connaître un rayon sur Fukasaku avec les différentes éditions Roboto Films mais ici Fabien Mauro qui maîtrise parfaitement son sujet trouve la parfaite tangente et n’entre pas dans la redite abordant tout d’abord l’oeuvre littéraire originelle puis parle de Fukasaku à travers l’aventure du film en passant par les acteurs, la production, la situation des studios japonais, la sortie en salles et sa réception public.
C’est génial. En espérant que Mauro reviendra pour de prochains bonus. - Livret de Paul Gaussem (28 pages)
Paul Gaussem, rédacteur du côté de Darksidereviews et coanimateur du podcast Raging Fire Club, propose un voyage détaillé et extrêmement clair autour du geste Fukasaku et plus particulièrement a Légende Des 8 Samouraïs.
Les mots sont justes et adroits. On prend plaisir à suivre la pensée de Gaussem et à plonger dans cette oeuvre à la rencontre des genres. En espérant que d’autre livrets chez Le Chat Qui Fume soient également de sa plume. Une réusite. - Film annonce
Pour découvrir La Légende des 8 Samouraïs : https://lechatquifume.myshopify.com/products/la-legende-des-8-samourais


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