Dans une petite ville frappée par des disparitions inexpliquées, Rachel emménage avec son mari et sa belle-fille.
Mais lorsque la fillette se lie d’amitié avec un garçon invisible vivant dans les ombres de la maison, la jeune femme comprend que certaines choses tapies dans le noir ne veulent pas être vues.

| Réalisateur : Chad McClarnon |
| Acteurs : Lyndie Greenwood, Bryce Johnson, Valentina Lucido. |
| Genre : Horreur |
| Pays : Etats-Unis |
| Durée : 113 minutes |
| Date de sortie : 2025 (Festival) |
The Other People est un home invasion.
The Other People est un film de croque-mitaine.
The Other People est un cruel film d’ami imaginaire.
Dans un quartier résidentiel chic états-uniens, cliché illusoire d’un pays riche et apaisé, résonance cynique de l’American Way Of Life, une famille recomposée s’installe : le père, la fille et la belle-mère.
Chaque nuit, une présence se fait sentir, une aura tout d’abord nommée Eric, ami imaginaire de la petite fille, lubie se dénaturant progressivement pour se métamorphoser en cauchemar, peuple des ombres.
McClarnon joue activement sur les zones grises, espaces oubliés de la maisonnée, ceux où les spectres, silhouettes curieuses, se faufilent et jouent de terreur pour déloger les habitants légitimes sociétalement parlant, ceux qui ont l’argent.

Pour un premier long-métrage, le cinéaste fourmille d’idées, structure un récit autour de très nombreux motifs archétypaux et tente en jouant de références cinéphiles, mais aussi en se creusant l’esprit, d’emprunter des pistes oubliées ou encore inexplorées pour tordre les stéréotypes qui ont la vie dure.
Derrière cette manière se cache une hybridation sympathique malmenant le regard spectateur entre cinéma d’épouvante et thriller.
En s’amusant avec les codes du paranormal et les enquêtes criminelles, McClarnon se veut illusionniste et s’amuse à suspendre les cheminements narratifs et réflexifs, oblige à rebrousser chemin pour vérifier une voie qui semblait sans issue par le passé se trouvant désormais dégagée mais pleine de ronces.
En somme, tortueux et torturé.
Une structure en trompe l’oeil qui ricoche sur un travail de spatialisation assez astucieux incisant les intérieurs et extérieurs, faisant moduler les dimensions des lieux pour troubler les perspectives du spectateur.
Les espaces traversés prennent la rythmique d’un accordéon malade, chaloupé, bancal et créent des sensations de malaise.
Le temps passe, l’enquête effectuée par le spectateur est à remiser au placard, le cinéaste dérobe les indices pour être le seul maître à bord.
La liberté d’exploration devient quelque peu dirigiste, en couloir, et rappelle par moment le très cadencé et hermétique Ne Dis Rien de Christian Tafdrup, sauf qu’ici McClarnon a pensé à l’intrigue mais pas à sa clôture…

Le cinéaste est aussi malin que paresseux, distillant les axes de lecture sans penser à leurs retombées, manipulant avec cruauté le spectateur, pour finalement l’abandonner dans une fin ouverte de mauvais goût car à force de manœuvrer les impasses et les pièges scénaristiques, de faire croire à tout et n’importe quoi, d’allonger l’histoire pour toujours plus rebondir, le cinéaste n’a aucune idée de comment clôre, préférant s’échapper et se servir d’échos cinéphiles, usant de la conclusion de Us réalisé par Jordan Peele, bien connu des amateurs de films d’horreur, pour colmater une bâtisse lézardée, croulant sous le poids d’une plume maladroite, s’effondrant tristement.
Un constat qui est décuplé par une mise en scène qui pense trop à plaire pour être crédible, devenant superficielle, et un casting bien trop artificiel et formaté pour parvenir à une sensation de réalité, devenant quant à lui factice.
The Other People reprend les mécaniques de l See You, Barbarian et Us, dessinant un curieux trompe l’œil fantomatique.
Ce premier essai de Chad McClarnon est un intrigant grand huit, aux élans tentaculaires, aux séquences déstabilisantes, qui malheureusement n’arrive pas à contenir ses projections dû à une architecture structurelle trop ambitieuse pour une vision finalement assez banale.
Il est complexe de sortir des sentiers battus avec les boulets que le cinéaste a attaché précieusement à son récit, poussant le film à s’éterniser, à multiplier les rebondissements jusqu’à se perdre à la croisée des chemins.
Un geste inaugural de filmographie en demi-teinte qui appelle à un second essai, qui sera soit naufrage, soit révélation, il ne peut en être autrement…



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