Madame Fremont engage un traiteur égyptien pour le mariage de sa fille Suzette, un certain Fuad Ramses. Fuad prépare un repas sanglant fait de membres humains de plusieurs jeunes femmes qu’il prend comme victimes et qu’il découpe à la machette, perpétuant ainsi un ancien rite égyptien, afin d’honorer une Déesse. Fuad planifie d’améliorer sa recette en ajoutant Suzette au menu.

| Réalisateur : Herschell Gordon Lewis |
| Acteurs : William Kerwin · Mal Arnol · Connie Mason · Lyn Bolton |
| Genre : Horreur, Gore |
| Pays : Etats-Unis |
| Durée : 102 minutes |
| Date de sortie : 1963 (salles) Juillet 2025 (Blu-Ray) |
Cela faisait bien une dizaine d’années, et la mouvance torture porn, que le cinéma d’horreur à tendance gore ne s’était pas aussi bien porté.
Au placard les fantômes, esprits et créatures en tout genre, le sang est resté trop longtemps au placard, le body horror a le vent en poupe et le slasher outrancier remplit les salles.
Bref, il est grand temps de poser la rétine sur le plasma qui tâche, et surtout de remonter dans le temps, peut-être pas jusqu’au théâtre du Grand Guignol du début 20° siècle, mais jusqu’aux années 50, à l’heure où un cinéaste états-uniens qui commençait à sentir s’essouffler le film d’effeuillage sortit sa feuille de boucher pour débiter le moindre corps à portée de caméra.
Ce cinéaste n’est autre que Herschell Gordon Lewitt, le père du cinéma gore moderne, le prestidigitateur du macabre et du grotesque.
Pour commencer ce voyage fait de chair et de sang, direction Blood Feast, réputé pour être le « premier » film usant de la dynamique gore pour tenir le spectateur vissé à son fauteuil.

Blood Feast, Que La Fête Commence !
1963 : Le théâtre du Grand-Guignol, réputé pour ses représentations pleines de viscères et de trouvailles macabre à Paris ferme ses portes.
1963 : Blood Feast éclabousse les écrans aux Etats-Unis.
Le gore est mort. Vive le gore.
Premier film de la trilogie sanglante, constitué également de 2000 Maniacs et Color Me Blood Red, la proposition du réalisateur à l’esthétique pop, extrêmement colorée et jouant justement sur le caractère artificiel des fictions produites par les studios, s’amuse à recouvrir le rêve de sang, mélange de kaopectate et de gelé.
De meurtres sordides en meurtres sordides au coeur d’une American Way Of Life petit bourgeois, le film du cinéaste, bien qu’opérant surtout afin d’afficher le plus d’hémoglobine possible et d’attirer les regards curieux, se révèle être un regard suintant à travers le glaçage d’une vitrine mondiale à deux doigts d’exploser.
Malgré lui, le cinéaste s’enfonce dans le chaos souterrain qui est en train de soulever la vitrine de l’Oncle Sam. Un film marginal, un garnement qui éclabousse, tâche et inspire.
HGL débute avec Blood Feast une démarche qu’il maintiendra par la suite avec Scum Of The Earth, et son réseau de photos de charmes crapuleux, ou encore avec 2000 Maniacs, et son massacre terrifiant chez les rednecks.
Dans sa démarche de cinéma indépendant choc HGL dessine, tout comme Roger Corman, un geste irrévérencieux en dehors des studios qui nourrira tout autant Romero (La Nuit De Morts-Vivants) que Tobe Hooper (Massacre à La Tronçoneuse).
Il y a dans Blood Feast une lecture intrigante des bordures de l’American Way Of Life. Un coup d’œil nauséabond dans la déliquescence d’un rêve.
Dans les marges, à l’ombre des regards, des cercles occultistes évoluent, et dévorent cette bourgeoisie malade, en constante représentation, en quête d’un nauséeux exotisme, protégée par un ordre policier stupide.
Bienvenue aux USA.
Pour découvrir la critique complète c’est ici.

Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray
ESC semble avoir pondu une bien belle édition, digipack avec fourreau aux visuels alléchants.
Du côté de Kino Wombat, il sera difficile de vous vanter l’édition car nous avons uniquement le disque Blu-Ray pour effectuer le test de Blood Feast.
Image :
Un très bon master se rapprochant de celui proposé il y a quelques années par Arrow Video au Royaume-Uni.
La texture pellicule est conservée, la colorimétrie est éclatante donnant à la matière -au sang et aux tripes- une dimension tangible réjouissante.
Le piqué est très juste affichant un niveau de détails particulirement agréable révélant par-ci par-là les trucs et astuces du maquillage.
Reste un matériel originel sans doute altéré resurgissant par moment avec des brulures, cracs et pocs, mais cela appuie la dimension grindhouse de la proposition.
Une réussite.
Son :
La piste sonore quant à elle met en avant les voix et a plus de mal à équilibrer le reste avec des présences de distorsions sur le parties instrumentales, un extrêmement léger bourdonnement de fond et des poussières, craquements en présence.
La VO a de meilleures dynamiques que la VF.
Cela tient la route mais n’effectue pas de miracles

Suppléments :
ESC propose une édition assez chargée en suppléments et avec des intervenants de grande qualité, on pense tout particulièrement à l’entêtant Philippe Rouyer mais aussi à Yal Sadat.
- Commentaire audio animé par Mike Vraney avec le réalisateur Herschell Gordon Lewis et le producteur David Friedman :
Un supplément qui donne à voir l’oeuvre de l’intérieur, mettant en lumière sa genèse, sa conception, ses trucs et astuces, sa réception, le tout rebondissant sur les images du film qui déroulent.
Un commentaire audio plutôt classique mais intéressant pour les aficionados de Herschell Gordo Lewis. - Conversation autour du film avec Philippe Rouyer (Positif) et Yal Sadat (Les Cahiers du cinéma) :
Il est ici important de soulever l’analyse de journalistes cultes venant de deux institutions cinéphiles, à savoir Positif et Les Cahier Du Cinéma, offrant à Blood Feast une place bien en dehors du carcan exploitationnel et régressif, hissant la proposition à sa véritable place, celle de l’avant-garde, de l’expérimentation qui a fait surgir tout un continent maniériste, le gore.
Ne ratez pas ce supplément ! - Entretiens divers avec le réalisateur H. G. Lewis :
Un plaisir que d’écouter un cinéaste répondre aux questions d’une salle puis de continuer l’entretien dans un cadre plus privé et intimiste. Un peu décousu, répétitif avec les autres suppléments mais touchant. - Scènes coupées
- Bandes-annonces d’époque
- Livret 24 pages rédigé par Marc Toullec
Pour découvrir Blood Feast en Blu-Ray :
https://www.esc-distribution.com/accueil/10686-blood-feast-orgie-sanglante-combo-dvd-bd-livret-edition-limitee-3701432022390.html


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