Synopsis : Un homme revient dans sa ville natale située en bord de mer en Australie. Il est humilié devant son fils par une bande de surfeurs locaux qui revendiquent la propriété absolue de la plage de son enfance. Blessé, il décide de rester sur la plage, déclarant la guerre à ceux qui contrôlent la baie.

| Réalisateur : Lorcan Finnegan |
| Acteurs : Nicolas Cage |
| Genre : Comédie, Drame |
| Durée : 99 minutes |
| Pays : Australie, Irlande |
| Date de sortie : Inconnue |
Lors de l’annonce de la sélection officielle pour le Festival De Cannes 2024, Kino Wombat avait bon nombre de pronostics, de rêves, mais en aucun cas nous n’avions imaginé le retour de Lorcan Finnegan sur La Croisette, hors compétition, avec son nouveau monstre filmique : The Surfer.
Le jeune réalisateur qui avait été remarqué il y a quelques années à La Semaine De La Critique pour Vivarium, et nous avait par le suite profondément déçu avec The Nocebo Effect, propose un nouveau dédale avec pour tête d’affiche l’iconique et incontournable Nicolas Cage.
Un homme, au nom qui ne nous est jamais susurré, souhaite faire découvrir à son fils la plage de son enfance, celle où il a commencé à surfer.
Une fois les pieds dans le sable, l’homme et son fils sont agressés par Scally et sa bande, des surfeurs locaux qui se sont appropriés les lieux.
De retour dans sa voiture, l’homme gamberge, rage. Son fils, lui, part.
Dans l’habitacle du véhicule l’homme attend un appel, celui d’un agent immobilier, pour acheter une demeure avec vue plage, celle où il avait vécu étant enfant. En périphérie, un vieil homme, sans domicile semble hanter les lieux depuis des décennies.
Les heures passent, l’homme plonge dans une folie furieuse, oublie le temps, se retrouve piégé, n’ayant plus que pour solution : affronter la bande des Bad Boys.
Jamais chez Lorcan Finnegan nous n’avions eu une telle ouverture vers les extérieurs. Le cinéaste quitte les enfermements, et cellules numériques, qu’il avait pour habitude de dilater, distordre, pour dépasser les souricières.
Avec The Surfer le cinéaste continue à expérimenter le huis clos, centrant son regard sur deux lieux de Luna Bay : la plage et le parking.
Au loin, les demeures résidentielles, El Dorado pour avoir droit d’exister sur cette terre.
Le parking et la plage sont alors mis en opposition, avec la route qui appelle l’extérieur puis la plage qui loge la communauté, les locaux et rejette l’étranger.

Le cinéaste continue de creuser les aveuglements, les idées fixes qui enracinent dans l’horreur jusqu’à la folie.
Ici, le personnage campé par Nicolas Cage passe par tout un protocole de dépossession, un abandon de tout dans l’espoir d’avoir un jour le droit de fouler les horizons de son enfance. La régression est tétanisante.
Si proche du but, racheter la maison de son grand-père décédé, il plonge littéralement dans une aliénation, en vient à céder son âme pour toucher un rêve fou.
Un pont entre les souvenirs d’enfance et les obstinations de l’adulte prisonnier du passé s’arc-boute.
Dans les zones périphériques se rappellent alors les abîmes oubliés.
Dans les zones périphériques, l’ombre d’une déchéance promise se façonne.
Avec ce troisième long-métrage, il y a un élan passionnel vers le cinéma d’Ozploitation, de nombreux codes en sont usités, du tribalisme à la puissance de la nature.
On pense régulièrement à Long Week-End, et allons bien plus loin que le cinéma d’exploitation, en se remémorant tout autant Wake In Fright, et sa frénésie caniculaire, que Pique-Nique À Hanging Rock, et son mysticisme magnétique.
Finnegan capture les recoins de l’espace en présence et intègre son personnage au sein d’une immensité entre faune déstabilisante, flore desséchée et éléments en branle.
Il y a la mer, la terre, le vent et les flammes, le tableau évolue, module, s’immisce dans nos errances et transperce ce condamné entre villes lointaines et paradis maudit.

Comme à son habitude, le cinéaste use de trucs et astuces, de tricks insoupçonnés, ne cessant d’arracher le sol sous nos pieds.
C’est toute la force du cinéaste, sa capacité à triturer, si ce n’est torturer, la ligne narrative. The Surfer ne raconte pas grand chose et devient un dispositif assez creux mais magnétique dans sa forme.
L’œil est vite attiré dans un tourbillon où le temps, le réel et les personnages deviennent fluides insaisissables, où les méninges ne cessent de mouliner afin de structurer une certaine rationalité.
L’exercice est bien exécuté, cependant Finnegan en use intempestivement et arrive le moment où les rebondissements deviennent alourdissements, où l’intérêt pour la sortie du labyrinthe se fait moindre.
Nicolas Cage, comme à son habitude, est une supernova, étoile à la limite d’imploser jouant sur la bordure du ridicule mais hypnotisant la rétine jusqu’à devenir brasier.
The Surfer ne surpasse pas Vivarium, mais a la force de transposer le grand huit de Finnegan à un espace de jeu étonnant, l’Australie et ses terres tout aussi enivrantes que dangereuses.
La surenchère de pistes et impasses est aussi excitante que nauséeuse, le dédale touche presque à l’impasse.
Cependant, l’expérience est agréable, captivante, et l’ingéniosité ainsi que l’aisance du cinéaste à passer du naturel au fantastique foudroie.
Une suite de parcours réjouissante pour Finnegan, après le très décevant The Nocebo Effect.
Battez-vous, la plage n’est qu’à quelques mètres, reprenez vos terres, le jeu en vaut la chandelle.



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