Avec The Substance, vous pouvez générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite. Il suffit de partager le temps. Une semaine pour l’une, une semaine pour l’autre. Un équilibre parfait de sept jours. Facile n’est-ce pas ? Si vous respectez les instructions, qu’est ce qui pourrait mal tourner ?

| Réalisateur : Coralie Fargeat |
| Acteurs : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid |
| Genre : Horreur |
| Pays : Etats-Unis |
| Durée : 141 minutes |
| Date de sortie : Novembre 2024 (salles) Mars 2025 (Blu-Ray 4K UHD) |
The Substance est la grande surprise de 2024, le vague que personne n’attendait.
Nous étions à Cannes pour la première mondiale du film et l’euphorie a croisé le dégoût, scindant le public en deux dimensions les vampirisés et les grognards.
Après le déluge d’hémoglobine et de chair, Kino Wombat a eu la chance de présenter le film en salles et aujourd’hui nous revenons, très certainement pour la dernière fois sur le film de Coralie Fargeat, autour de son édition Blu-Ray 4K UHD.

The Substance,
Métamorphoses et Autres Corps, Une Expérience De La Chair
Hollywood, Elisabeth Sparkle, lauréate d’un oscar de la meilleure actrice durant sa jeunesse, vient de fêter sa cinquantaine.
Aujourd’hui, les studios l’ont oublié. Elle anime une émission d’aérobic sur une chaîne de télévision.
Sa routine est monotone, les rêves lointains. Lorsque le patron de la chaîne lui annonce la fin de son créneau pour mettre en avant une animatrice plus jeune, Elisabeth Sparkle s’effondre. Au volant de son véhicule, distraite par ce coup du sort, elle est percutée par une voiture.
A l’hôpital, son corps ne présente aucune séquelle. Un interne lui glisse une clé USB dans la poche.
A l’intérieur de la clé, la présentation d’un prodigieux programme de jouvence, un traitement pour trouver la meilleure version de soi.
Elle suit le protocole, s’injecte une première dose et s’effondre.
Son dos se déchire, dévoile une plaie béante, de cet obscur espace de chair naît Sue, son alter ego.
Face à The Substance il y a une remontée acide de tout un cinéma d’horreur, une mosaïque référentielle ne reculant devant aucune démesure.
Le film repose sur de nombreux codes du cinéma d’horreur 80s, avec une tendance majeure au body horror, espace d’expression distordant la chair, les organes, pour mener à la naissance du monstre qui sommeille en nous.
Il y a alors tout autant Re-Animator, et plus largement le cinéma de Stuart Gordon, que la folie orgiaque de Society, et la fusion des chairs chez Brian Yuzna.
Si ces deux références ont continuellement traversé nos pensées, il est également très difficile de faire abstraction de thématiques à la Cronenberg qui ne cessent d’infuser, de la première à la dernière seconde du long-métrage.
Ces références plastiques et réflexives en matière d’horreur sont également portées par des fulgurances renvoyant directement à un cinéma cynique et profondément gore. Le spectre des productions Troma de Lloyd Kaufman est en présence, on pense fortement à Troméo et Juliet, mais aussi à toute l’hystérie d’oeuvres bis telles que Basket Case ou bien Frankenhooker. Le plaisir est total pour tout amateur de distortion des corps, de fluides crasses et de monstruosités filmiques.
Face à un monstre aussi difforme que libre, on sort circonspect de la séance, on jubile de par tant d’audace, de fureur et d’outre-passements de codes.
Il est difficile d’avoir les idées claires et de faire naître une pensée nuancée.
Et pourtant, The Substance sous sa carcasse vomissant des litres d’hémoglobine, et avec son esthétique grotesque, grandit en nous, dépasse de loin le spectacle de surenchère offert et se transforme en un étrange objet réflexif sur la société, le corps des femmes, le beau et les vicissitudes engagées par les protocoles destinés à faire des êtres de véritables objets de culte, de consommation.
Fargeat réussit, là où Titane se vautrait à force de caresser sa vision auteurisante abscon, à toucher le coeur de son message, à offrir un monde de chair et de sang, soulevant la peau, les glaçages pour révéler le monde sans artifices.
Critique complète : https://kinowombat.com/2024/05/24/the-substance-realise-par-coralie-fargeat-critique/

Les caractéristiques techniques de l’édition 4K UHD
Metropolitan propose un steelbook double face avec de belles finitions, un niveau de détails très appréciable.
Reste que de notre côté, nous ne sommes pas particulièrement sensibles à ce visuel.
Nous préférions l’affiche originelle. Cela ne reste qu’un point de vue très subjectif.
Image :
C’est un miracle. Préparez votre rétine.
Le master en présence est une vitrine technique pour le support affichant des détails acérés, que cela soit dans les plans d’ensemble ou dans les macros, faisant la part belle aux textures, aux reliefs et ouvrant une profondeur de champ impressionnante
Le clou du spectacle reste le travail colorimétrique qui trouve sur le disque 4K une palette fascinante avec des nuances fluorescentes hypnotiques. En cela le traitement HDR Dolby Vision et un modèle du genre.
Enfin bref, la copie est parfaite.
Son :
5.1 DTS-HD MA Français et Anglais
A la manière du master image, le master son est une supernova.
Parfaitement équilibré et spatialisé, la moindre mastication, le moindre craquement du corps viendra traverser la barrière physique du spectateur.
C’est véritablement impressionnant ! Et puis… la bande originale, elle, joue d’hypnose, porte au coeur de la chair et du sang. Dingue, et ce, en VF ou VO.
Une piste Atmos aurait été la cerise sur le gâteau.

Suppléments :
C’est très certainement la fausse note de cette édition.
Nous attendions tant du contenu additionnel ne serait-ce que pour un entretien développé avec la réalisatrice, les actrices mais également un retour sur les effets plastiques, la photographie et le montage. Bref, tout ce qui fait de The Substance un film hors normes.
Résultat des courses, et ne boudons pas notre chance, un entretien post-séance entre Guillermo Del Toro et Coralie Fargeat de 17 minutes revient sur le film et son histoire. Un échange fort agréable mais bien trop restreint pour toucher les horizons que nous espérions.
Il y a également la présence d’un teaser ainsi que d’une bande-annonce.


Laisser un commentaire