« Cure » réalisé par Kiyoshi Kurosawa : Test Blu-Ray 4K UHD

Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit ou a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…

Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Koji Yakusho, Masato Hagiwara, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa
Genre : Thriller Horrifique
Pays : Japon
Durée :111 minutes
Date De Sortie (cinéma) : 1997
Date De Sortie (Blu-Ray 4KUHD) : 6 Novembre 2024

Lorsque Kino Wombat est né, l’un des premiers articles fut consacré au Cure de Kiyoshi Kurosawa, à l’occasion de sa sortie Blu-Ray chez Carlotta. C’était en 2021.
Nous pensions ne pas y revenir de si tôt et c’était sans se douter que nous allions replonger dans ce thriller crasse, où l’enquête n’est pas constituée de preuves tangibles mais plutôt d’un dédale occulte dans les profondeurs de l’esprit, que nous découvrons aujourd’hui avec surprise la volonté de l’éditeur The Jokers d’également exhumer Cure, accompagné d’un nouveau master et d’une copie 4K UHD Dolby Vision.

Cure, Autopsie d’une ville et ses ombres ou le grand crépuscule

Kiyoshi Kurosawa, cinéaste assez confidentiel dans la cinéphilie internationale, a réalisé plus d’une vingtaine de longs-métrages en presque quarante années de carrière. Sans jamais rester confiné à un genre particulier Kurosawa est un électron libre, s’amusant avec les genres, les codes, menant un jeu d’équilibriste saisissant où il parvient à faire naître une composition de cinéma qui lui est propre entre drame social, cinéma d’horreur, et analyse de l’humain dans ses dimensions les plus sombres.

La proposition s’ancre dans une période fertile pour le cinéma dit de Thriller.
Il se dévoile à la fin d’une décennie ayant ausculté les serial killers dans toutes ses latéralités du Silence Des Agneaux à Seven en passant par Usual Suspects ou encore Full AlertCure au centre de ce foisonnement s’installe comme oeuvre essentielle bien que discrète par son intransigeance, dépassant la simple enquête divertissante aux mille frissons et aux rebonds scénaristiques explicites.
Pour comprendre et analyser, avec plus d’aisance la trame de Cure, il faudra lorgner du côté d’un certain The Element Of Crime réalisé par Lars Von Trier en 1984, et son inspecteur ayant recours à l’hypnose pour mener à bien son enquête.

Cure est un essai de cinéma sidérant.
Bien qu’énigmatique, si ce n’est abstrait dans sa première lecture, le film de Kiyoshi Kurosawa ne cesse de pousser le spectateur dans ses retranchements, au cœur d’interrogations complexes, mettant ce dernier en position d’enquêteur.
Cure est un piège dans lequel nous sommes à la fois excités et épouvantés de nous retrouver, un voyage vers l’enfer mêlant récit policier, spectres du passé et visions surnaturels, venant retravailler les concepts du thriller traditionnel dans une tornade psychique étonnante rappelant Tokyo à ses fantômes, et l’humain à ses démons.

Critique complète : Cure, la critique

Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-Ray 4K UHD

Image :

16/9 – 1.85 – Couleur – UHD HDR10 & Dolby Vision

Contrairement au test mené il y a quelques années autour de l’édition Carlotta, de bonne facture mais fluctuant quelque peu suivant les séquences, ici, le nouveau master proposé fait des merveilles.
Il est tout simplement indéboulonnable.

Au-delà d’une image finement nettoyée et d’un cadre stable, comme observé par le passé, bien que quelques rares pocs subsistent.
Cette édition 4K UHD maintient un niveau de détails époustouflant tout du long et parvient dans les séquences les plus obscures à tenir une stabilité exemplaire.
La texture pellicule est également travaillée pour offrir une image organique et aux reliefs acérés.

De plus, nous avions salué le master HD pour son respect colorimétrique mais nous sommes forcés de constater qu’en présence du traitemet Dolby Vision, les nuances de couleurs révèlent des espaces et contours inattendus. De plus, il n’y a pas eu de traitement putassier avec certaines couleurs toniques, l’esprit du film est intact et sa plastique sublime.
En fait, pour la première fois, il y eut l’impression de découvrir pleinement l’oeuvre de Kurosawa et ses multiples mystères.

Note : 10 sur 10.

Son :

DTS-hd MA 2.0

Contrairement à l’édition Carlotta qui proposait une piste 5.1, l’édition The Jokers se limite à une piste 2.0.
Néanmoins, la piste 5.1 n’apportait guère plus au mix et à l’immersion, se concentrant principalement sur sa configuration d’origine étant stéréo.
Ici, rien à redire, la piste est très propre, suffisamment dynamique et laissant la moindre fréquence respirer sans jamais apposer la moindre saturation.

Note : 8 sur 10.

Suppléments :

L’édition The Jokers reprend une grande partie des suppléments présents sur l’édition Carlotta.
Ainsi nous retrouvons le bonus en compagnie de Stéphane Du Mesnildot et l’entretien avec Kiyoshi Kurosawa.
Unique supplément inédit, et pas des moindres, un entretien avec Fabien Mauro.

  • Entretien exclusif avec Fabien Mauro :
    Fabien Mauro, que nous apprécions tout particulièrement, mène un cheminement fleuve autour du début de carrière de Kurosawa jusqu’à Cure.
    Il revient sur ses premiers films, son passage par le V-Cinema et entame la carrière que nous connaissons de Kurosawa avec Door 3.
    Dans son analyse de Cure, le cinéaste revient autour de la construction du scénario, le choix des acteurs et autopsie ensuite les personnages en présence.
    Dans cette analyse il plonge au fond de la psyché des protagonistes entre hypnose, psychologie et psychisme déclinant.
    Les ressentis du film se précisent, modulent et se clarifient au fur et à mesure des mots de Fabien Mauro.
    A ne pas rater !
  • Entretien avec Kiyoshi Kurosawa :
    Un entretien tourné en 1999 où le cinéaste revient sur son analyse de la peur en prenant pour point de départ Godzilla puis disserte sur les terreurs externes, tangibles, et les peurs internes, incontrôlables, psychiques, allant jusqu’à une analyse des sociétés contemporaines.
    L’interview ne cesse de serpenter autour de l’apparition de la peur dans le processus créatif du cinéaste. Une discussion aux formes de dédales dans laquelle se perdre est un vrai plaisir.
  • « Le Jouet du Démon » de Stéphane du Mesnildot :
    Stéphane De Mesnildot introduit le film en inscrivant l’oeuvre à mi-chemin entre le cinéma d’horreur japonais et le film de serial killers. Il revient avec justesse sur l’importance des fantômes dans la culture nippone et décrypte l’oeuvre par cet axe mettant en parallèle le concept des spectres japonais avec celui du Doppelganger européen.
    L’entretien se révèle d’autant plus intrigant lorsqu’il croise les concepts surnaturels et l’analyse de la société. L’essayiste dépasse la simple lecture du film et aborde également la vague importante du cinéma d’horreur de la fin des années 90.

    Un supplément capital pour prolonger l’expérience du film. Une vraie réussite.

3 réponses à « « Cure » réalisé par Kiyoshi Kurosawa : Test Blu-Ray 4K UHD »

  1. Avatar de princecranoir

    Je vais encore devoir casser ma tirelire 🙄

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Quentin Tarantino

      Effectivement… Et encore la vague The Jokers est vraiment beaucoup trop massive cette année…
      Cela revient à trop cher d’enchaîner pour Kairo, Ju On, les WKW et les Masumura 😵‍💫

      Aimé par 1 personne

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